Jan Jambon, Michael Freilich et Bart De Wever © Belga

Pour la N-VA, le pouvoir semble plus important que le personnel et le programme

La N-VA met toutes voiles dehors pour rester au pouvoir après le 26 mai. La fin justifie les moyens.

Ces dernières semaines, les partis politiques flamands sont partis à la recherche de sang neuf pour attirer les électeurs le 26 mai prochain. Avec plus ou moins de succès. Le CD&V a tenté de convaincre (ce n’est pas la première fois) Karel Van Eetvelt, ancien dirigeant d’Unizo et à présent patron de la fédération bancaire Febelfin, mais en vain. Et Inge Vervotte, aujourd’hui à la tête du groupe Emmaüs, ne souhaite pas retourner en politique. L’Open VLD voulait travailler avec Jill Peeters, la météorologue de VTM, mais elle a changé d’avis en dernière minute. Le SP.A n’a réussi qu’à convaincre quelques illustres inconnus, comme Els Robeyns, qui sera tête de liste flamande dans le Limbourg, et Conner Rousseau, qui le fera en Flandre orientale. Groen fait mieux avec le directeur de 11.11.11 Bogdan Vanden Berghe, qui occupe une place importante sur la liste de la Chambre à Anvers. Et le Vlaams Belang a présenté Dries ‘Schild & Vrienden’ Van Langenhove, qui sera tête de liste indépendante dans le Brabant flamand.

La N-VA a réussi à lancer les noms les plus retentissants – ce qui n’est pas surprenant pour un groupe qui semble toujours avoir le vent en poupe. La dentiste irano-belge Darya Safai a rejoint le parti il y a un an, Assita Kanko a quitté le MR pour la N-VA en décembre, Jean-Marie Dedecker devient tête de liste indépendante en Flandre occidentale et le rédacteur en chef de Joods Actueel, Michael Freilich, a obtenu une belle place sur la liste de la Chambre d’Anvers. Le parti veut s’adresser au plus grand nombre et ratisser large.

Tous les membres de la N-VA ne sont pas enthousiastes à l’égard des nouveaux venus. L’arrivée de Dedecker a suscité l’insatisfaction, mais le parti a grandement besoin de ses votes. Certains sont malheureux parce qu’ils ont dû reculer sur la liste. Johan Van Overtveldt, par exemple, encore tête de liste européenne il y a cinq ans, figure aujourd’hui en troisième position – alors qu’il a été ministre des Finances.

La plus grande surprise a peut-être été l’annonce de l’intention de Bart De Wever de devenir ministre-président flamand et de renoncer à l’écharpe mayorale d’Anvers. Cela signifierait qu’aux dernières élections communales, les électeurs de la plus grande ville de Flandre ont choisi en masse des politiciens qui leur tourneraient le dos. Pour Kris Peeters (CD&V), on savait déjà qu’il irait en Europe. Quatre élus Groen sur onze, dont Meyrem Almaci, Mieke Vogels et Bart Staes, n’ont pas pris leurs fonctions. Et Philippe De Backer (Open VLD) dit au revoir à la politique. Reste à voir ce que Jinnih Beels, en queue de la liste flamande sp.a, fera après le 26 mai. L’électeur anversois est en droit de se sentir trompé.

Bart De Wever résume la priorité du parti: garder le pouvoir. C’est pourquoi il veut une équipe forte pour les élections. Jan Jambon est proposé comme candidat au poste de Premier ministre, bien qu’il semble également être un candidat de premier plan pour la présidence de la N-VA lorsque De Wever deviendra ministre-président. Il n’est pas certain que De Wever y parviendra. Les stratèges de la N-VA et presque tous les commentateurs sont convaincus : si trois partis en Flandre peuvent former une majorité sans la N-VA, ils le feront. La N-VA se retrouverait alors dans l’opposition, au niveau flamand et fédéral. Ce serait un cauchemar pour le parti.

La N-VA doit franchir le seuil psychologique de 30% en mai et donc faire au moins aussi bien qu’en 2014. Chaque voix compte. C’est pourquoi Ben Weyts, ministre flamand de la N-VA, a récemment fait une proposition à Hendrik Vuye, aujourd’hui à la Chambre avec Veerle Wouters et qui planche actuellement sur une liste pour les élections. Le parti a voulu lui donner une belle nomination, par exemple à la Cour constitutionnelle. Il lui a également proposé de participer aux négociations sur la réforme de l’État. Tant qu’il n’a pas participé aux élections avec son propre projet, Vuye a refusé l’offre.

Sur le fond aussi, la N-VA est prête à rester au pouvoir. Le  » Grand Changement  » qu’elle prêchait il y a cinq ans a déjà été remplacé à Anvers par « La Grande Connexion » (De grote verbinding), maintenant qu’elle est entrée dans une coalition avec les socialistes autrefois si vilipendés. Si nécessaire, elle poursuivra cette ligne au niveau flamand et fédéral. Et si, en 2014, on l’appelait encore « Le Grand Changement » pour le « progrès », alors  » La Grande Connexion  » est maintenant nécessaire pour « continuer à gouverner ». C’est là où la N-VA clarifie ce qu’est la politique : le pouvoir. La gestion du personnel et le programme du parti y sont subordonnés.

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