Inondations: le PTB insatisfait des réponses ministérielles © belga

Polémique sur la gestion des barrages : trop tôt pour des conclusions

Le Vif

Après les inondations dramatiques qui ont secoué la Belgique du 13 au 16 juillet, une polémique sur la gestion des barrages est née. Lâcher de l’eau à l’avance aurait-il permis de diminuer la crue ? La conclusion semble un peu hâtive, des experts nuancent.

Une polémique, ou une tempête dans un verre d’eau? Dimanche 18 juillet, Damien Ernst, professeur en ingénierie, pointe une « erreur monumentale » dans la gestion du barrage, qui aurait dû, selon l’expert qui a un avis sur tout (comme le dépeint une enquête de notre magazine parue en mars 2020), lâcher plus d’eau avant le début des fortes pluies. Sur les réseaux sociaux, la polémique enfle.

Le directeur des barrages wallons Fabian Docquier se défend dans Sudpresse : « Tous les réservoirs sont davantage remplis en été car il pleut moins et ils doivent servir de réserves d’eau potable. C’est lundi que la gestion prévisionnelle nous a avertis de fortes précipitations possibles. » Il n’est pas possible de lâcher de l’eau sans préavis, précise-t-il. Et lâcher trop d’eau en avance comporte également des risques d’inondation, « qu’on nous aurait reproché si les fortes pluies n’avaient pas eu lieu ». Mercredi le barrage d’Eupen a tout de même lâché de l’eau, mais le niveau a atteint le trop-plein.

Pour le gestionnaire du laboratoire d’hydraulique des constructions à l’Université de Liège, Sébastien Erpicum, interviewé par Sudpresse également, les barrages de la Gileppe et d’Eupen n’auraient de toute manière pas pu retenir autant d’eau, car ils sont situés trop haut dans la vallée, et ne gèrent pas toute l’eau qui arrive à Verviers, Pepinster, etc. Leur gestion n’aurait donc certainement pas aggravé la crise. Le chercheur souligne que le plus important est que l’eau n’a pas débordé par dessus les murs des barrages, ce qui aurait touché la stabilité des fondations.

Les analyses sont en cours

Le SPW mobilité et infrastructure ne souhaite pas communiquer sur la gestion des barrages avant et lors des inondations. « Nous sommes en train de collecter les informations, et de tout analyser. Ensuite, nous publierons un rapport, le plus vite possible on l’espère », explique la porte-parole Sarah Pierre.

Quant à la polémique, elle estime qu’il y a eu beaucoup d’approximations : « J’ai vu passer des choses qui comparaient les barrages de Robertville et d’Eupen. Or, ce sont des barrages complètement différents, qui sont gérés de manière différente, l’un est pour l’électricité et l’autre pour l’eau potable, on ne peut pas généraliser cela de manière simple ».

Les pluies ont fortement dépassé les prévisions. Difficile de s’imaginer qu’il allait autant pleuvoir. Ces inondations sont les plus importantes, en Belgique mais également en Allemagne et au Luxembourg, enregistrées depuis très longtemps. Difficile de prédire le pire et de s’imaginer une telle catastrophe, et d’agir en fonction. Le moins qu’on puisse espérer c’est que les analyses de la gestion des barrages, des évacuations, des signalements de risques de crue, de la communication entre autorités apportent des solutions pour mieux prévenir la prochaine catastrophe.

Pour l’heure, le bilan provisoire des inondations est de 32 morts et de 18 disparus.

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