En 1967, Mobutu demande à la Belgique le retour au Congo de biens culturels pillés pendant la colonisation. © BELGA IMAGE

Passé colonial: le débat sur la restitution des oeuvres, de Mobutu à Félix Tshisekedi

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Depuis 2018, année de la réouverture du Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) rénové et « décolonisé », le débat sur la restitution des oeuvres spoliées pendant la période coloniale a pris une nouvelle dimension.

Portée par des activistes, des universitaires et des associations de la diaspora congolaise, la question a été débattue au Parlement fédéral. Le musée reconnaît que ses collections ont été « en partie acquises dans le contexte d’une politique d’inégalité légale: les gens étaient forcés ou mis sous pression pour abandonner des objets, ils étaient trop faibles pour négocier le prix quand ils voulaient les vendre.

Pendant la période de l’Etat indépendant du Congo, certains objets ont été acquis avec des méthodes alors illégales en Belgique, comme le pillage, la prise d’otages ou la profanation. » La restitution de ces oeuvres qui font patrie du patrimoine de l’Etat belge ne peut être prise, ajoute le MRAC, que « par le ministre fédéral de la Politique scientifique, dans un cadre juridique strict, et nécessite l’approbation du Parlement. »

Le sujet n’est pas neuf: en 1967, le président Mobutu avait demandé à la Belgique le retour au Congo d’objets ayant quitté le pays au temps de la colonisation. De longues négociations ont abouti à la remise, entre 1976 et 1982, de 180 oeuvres à l’Institut des musées nationaux du Zaïre, fondé sous l’égide de Tervuren, avec des fonds de la coopération belge. Une partie de ces objets se sont retrouvés sur le marché de l’art, en Belgique et ailleurs. D’autres pièces du musée du mont Ngaliema ont été volées lors des pillages qui ont suivi la chute de Mobutu (1997).

Lors de l’inauguration du musée national de Kinshasa, en novembre 2019, le président Félix Tshisekedi a abordé la question de la restitution: « Un jour, il faudra bien que ce patrimoine revienne au pays, mais il faut le faire de manière organisée… Il faut reconnaître que les Belges nous ont aidés à le conserver. » Des voix congolaises, en Belgique et en RDC, ont déploré ces propos jugés trop conciliants.

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