Pascal Delwit : « Les partis verts estiment que baisser la TVA sur le gaz est une forme d’incitation à la consommation »

Stagiaire Le Vif

Dans la nuit de lundi à mardi, le gouvernement De Croo a finalement trouvé un accord sur les prix de l’énergie. Une ombre au tableau : pas de réduction de la TVA sur le prix du gaz. Pourquoi Ecolo y était-il opposé ? Quelles conséquences cet accord aura-t-il sur la Vivaldi ? Les explications du politologue Pascal Delwit (ULB).

L’accord sur les prix de l’énergie prévoit une baisse temporaire de la TVA sur l’électricité, mais pas sur le gaz. Mi-janvier, Georges Gilkinet avait déjà indiqué que le parti Ecolo s’opposait à une telle mesure. Pourquoi?

De manière générale, les partis verts estiment que baisser la TVA sur le gaz est une forme d’incitation à la consommation, et donc à la pollution. Ce point de vue n’est d’ailleurs pas propre à Ecolo. Plusieurs économistes, parfois très éloignés politiquement d’Ecolo, considèrent également que baisser les prix des produits énergétiques via une diminution de la TVA est contre-incitatif à un usage rationnel de l’énergie.

Est-ce en contradiction avec leur position sur les centrales au gaz (qu’ils envisagent d’utiliser pour sortir du nucléaire) ?

Au sens propre, il y a une contradiction car il y a deux logiques différentes. Celle liée à la consommation individuelle des particuliers et à celle des entreprises d’une part, et une logique de transition énergétique pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, de l’autre.

Depuis trois mois, on observe une tension dans l’argumentaire d’Ecolo, dans cette logique de transition. La fermeture des sept centrales nucléaires restantes à l’horizon 2025 va nécessiter l’ouverture temporaire d’une ou deux centrales au gaz, produisant plus de carbone que les centrales nucléaires. Attention, cela ne signifie pas pour autant que les centrales nucléaires sont neutres d’un point de vue environnemental, puisqu’elles ne savent que faire de leurs déchets. Mais c’est un point de tension dans l’argumentaire, qui va entraîner une réorientation des investissements en matière de production énergétique, qui s’en doute accélèrera la transition énergétique vers une situation décarbonée à l’horizon 2050.

Ce blocage du côté d’Ecolo crée-t-il de nouvelles tensions au sein de la Vivaldi ?

En réalité, depuis le 1er octobre 2020, nous avons un gouvernement fait de tensions, ce qui est assez logique, puisqu’il associe sept partis aux sensibilités différentes. Certains dossiers, comme celui de la production énergétique ou encore de la réforme fiscale, sont par définition des points de tensions systématiques entre des partenaires du gouvernement, et il n’est pas certain qu’ils aboutiront.

L’accord affaiblit-il la position du Premier ministre Alexander Croo ?

Dans une certaine mesure, oui, et ce pour deux raisons. La première, c’est que l’accouchement a été vraiment difficile. Il a nécessité plusieurs réunions en journée et pendant la nuit, créant ainsi une forme de confusion dans le regard de la population quant à l’action publique en situation difficile. La deuxième raison est qu’il s’agit d’un accord quand même minimal, qui a sans doute déçu certains segments de la population. Il a peut-être même été en deçà des attentes que le gouvernement avait lui-même créées.

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