Olivier Mouton

Nous avons besoin d’un gouvernement fédéral dans un monde dangereux

Olivier Mouton Journaliste

Ce ne seront peut-être pas les marchés qui forceront cette fois la Belgique à bouger (quoique), mais bien une maladie qui se répand de par le monde.

Nous vivons dans un monde dangereux, où les conflits se multiplient et où les menaces deviennent globales. Face à cela, la Belgique fédérale semble rester les bras ballants. Même quand il occupe la présidence tournante du Conseil de sécurité – un honneur -, notre pays provoque des crises de rire tant son incapacité à former un gouvernement fédéral sème le doute sur sa capacité à agir.

Le Brexit est devenu une réalité, mais rien n’a bougé chez nous en dépit de l’impact potentiel pour notre économie. Le déficit budgétaire s’envole et les marchés commencent à s’inquiéter, mais rien ne se passe dans notre pays de cocagne qui joue avec son bonheur. L’Europe fait face à la montée des nationalismes, du terrorisme d’extrême droite, mais on regarde les trains passer. Pour ne pas parler du climat qui nécessite des réponses urgentes – dans quelle langue faut-il le répéter ? Désormais, de nouvelles menaces, réelles, nous pendent au nez, sous la forme de la pandémie du coronavirus, de son impact important sur les marchés, voire d’un conflit armé susceptible de dégénérer à la frontière turco-syrienne, et cela pourrait-il bouger, enfin, au niveau fédéral ?

Bien sûr, notre pays a déjà fait face à des blocages de longue durée, nous avons même voté une intervention militaire (en Lybie) en affaires courantes, mais est-ce satisfaisant ? Bien sûr, la mise en place des gouvernements régionaux compensent la paralysie du fédéral dans notre pays complexe, mais voyez-vous des impulsions notables émanant de Wallonie, de Flandre ou de Bruxelles ?

Joachim Coens, président du CD&V, propose donc la mise en place d’un coalition « corona » pour prendre les mesures d’urgence qui s’imposent face à l’épidémie. L’idée ne manque pas de piquant de la part d’un ex-missionnaire royale dont le parti détient avec le PS l’une des deux clés susceptibles d’ouvrir la porte d’une majorité fédérale. Passons aussi sur le fait que l’on se moque déjà de toutes parts sur l’idée génial de baptiser un gouvernement d’un pays mal en point du nom… d’une maladie. Sur le fond, comment toutefois ne pas insister sur la nécessité d’entamer enfin des négociations au fédéral pour éviter des élections? Bart De Wever avait brandi la menace si rien ne bouge d’ici mai. Les missionnaires royaux Patrick Dewael (Open VLD) et Sabine Laruelle (MR) consultent dans la discrétion. Leur premier deadline est fixé au 9 mars: pourquoi ne pas bouger, enfin, dès la semaine prochaine?

Ce ne seront peut-être pas les agences de notation ou les marchés qui permettront de débloquer la Belgique, mais bien une maladie qui se répand de par le monde. Quoique c’est soudain l’impact de la maladie sur les marchés financiers qui semble surtout être le vrai levier. Si la dégradation de la situation géopolitique venait à s’en mêler, messieurs les présidents de parti, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

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