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Louis Tobback (SP.A): « Rutten et Beke devraient ramper sous terre de honte »

Muriel Lefevre

Louis Tobback n’a pas de mots assez durs pour qualifier l’attitude de Rutten et Beke. Et il ne pense guère mieux de l’accord de coalition.

« Nous regardons vers le nord, a déclaré Jan Jambon. Je pense que c’est une nouvelle importante. Ça veut dire qu’ils ne comptent plus transformer la Flandre en Bavière de la Mer du Nord. Apparemment, ils rejoignent désormais les ambitions boréales de Thierry Baudet (la nouvelle coqueluche de la droite nationaliste néerlandaise NDLR). » dit Tobback dans une interview accordée au Knack.

Mais c’est là pratiquement l’un des seuls « point positifs » que l’homme du SP.A trouve à cet accord. « Un accord de gouvernement qui fait 300 pages est bien le signe que vous ne vous faites absolument pas confiance. C’est aussi un risque important, car une opposition de ce nom devrait pouvoir vous coincer à chaque page », dit Tobback qui relève quelques autres points particulièrement douloureux pour l’ego des partenaires de coalition de la N-VA.

« Un moment de honte est vite passé, n’est-ce pas ? »

Ainsi, il y a la Flandre qui se retire de l’institut fédéral des droits de l’homme Unia. Pourtant, le président du CD&V Wouter Beke jurait, il n’y a pas encore si longtemps, que ce dernier était indispensable. « Une telle volte-face a dû être assez douloureuse. Mais un moment de honte est vite passé, n’est-ce pas ? Pourtant le simple fait que la N-VA communique sur cette petite mesure concernant Unia prouve que c’est un trophée important pour elle. Et, en échange, qu’est-ce que le CD&V a obtenu ? Les municipalités ne devront pas fusionner. Et qu’a obtenu le CD&V en échange de la fin du vote obligatoire ? On ne va pas supprimer les provinces. »

Plus scandaleuse encore pour Tobback est la suppression des allocations pour les enfants des demandeurs d’asile. « Où est le moment où le CD&V n’a pas voulu faire la distinction entre les enfants ? Un enfant est un enfant. Apparemment, tous les enfants ne sont plus égaux à partir de maintenant. Mais que se passera-t-il si vous adoptez un enfant afghan ? Doit-il aussi attendre dix ans avant de recevoir l’argent de l’enfant ? »

« On assiste à un véritable triomphe pour la N-VA« 

« Malgré toutes les discussions sur l’intégration dans cette Flandre chaleureuse, il s’agit d’une politique purement dissuasive. Ils veulent juste empêcher les étrangers d’entrer. Mais s’ils continuent à venir, que faites-vous ? On transmettra le problème au niveau fédéral. Gwendolyn Rutten et Beke devraient ramper sous terre de honte. On assiste là à un véritable triomphe pour la N-VA et dans le contexte belge actuel, c’est une déclaration de guerre contre Bruxelles et la Wallonie. Le plus cynique c’est encore que si toutes ces mesures sont mises en oeuvre en Flandre, les demandeurs d’asile partiront pour la Wallonie et Bruxelles, où ils pourront obtenir un logement social et des allocations familiales. Les francophones pourraient dès lors invoquer un conflit d’intérêts », précise encore Tobback.

Tobback note encore une autre étrangeté dans ce gouvernement et c’est le ministre flamand de la Justice. « Car la Flandre n’a tout simplement pas de pouvoirs judiciaires constitutionnels. Les amendes GAZ ( « sanction administrative municipale NDLR), par exemple, sont à la charge des bourgmestres. Comme la chose est actuellement proposée, un tel ministre de la Justice ne serait qu’un intervenant flamand dans toutes sortes de sanctions administratives. Ils créent donc une nouvelle fonction infantilisante et un symbole de la lutte pour l’indépendance flamande. C’est surtout une autre belle concession du CD&V qui, avec Koen Geens, fournissait le ministre fédéral de la Justice depuis quelques années déjà. »

Pour Tobback, ce parti s’est donc écrasé sur toute la ligne. Le CD&V a peut-être obtenu des mesures en matière d’aide sociale et de politique sociale, l’élimination des listes d’attente, de l’argent pour les centres d’hébergement, et ainsi de suite, « mais c’était déjà le cas dans l’accord de coalition précédent. Et que s’est-il passé ensuite ? Pour faire court, avec cet accord de coalition, Wouter Beke aurait intérêt à retirer immédiatement le C du nom du parti. Et les libéraux peuvent eux aussi oublier les grands principes de leurs ancêtres. Le CD&V et Open VLD n’ont fait que suivre un parti radical de droite qui tente de se protéger contre le Vlaams Belang. »

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