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Les parents de Mawda n’ont toujours pas de permis de séjour: « Nous ne sommes nulle part »

Huit mois après le décès de leur fille, les parents de Mawda Shawri n’ont toujours pas de permis de séjour. En principe, ils peuvent être envoyés dans un centre de détention.

Cinq jours après la mort de Mawda Shawri (2), une fillette kurde tuée par une balle de police perdue, le Premier ministre Charles Michel (MR) a reçu les parents effondrés. Il leur promet qu’il y aura une enquête indépendante sur la mort de leur fille. Cependant, Charles Michel souligne par l’intermédiaire de son porte-parole qu’il ne leur a jamais promis de régularisation.

Plus de huit mois après le drame, les parents vivent toujours dans l’incertitude. « Nous ne sommes nulle part », déclare Selma Benkhelefa, l’avocate des parents de Mawda. « Le 28 mai, nous avons soumis le dossier et nous n’avons toujours pas de réponse du ministère de l’Immigration. Cela prend un temps exceptionnellement long. Bien que ce soit simple. Selon la loi, les demandeurs d’asile peuvent être régularisés en cas de circonstance exceptionnelle. Si le décès de votre enfant n’est pas une circonstance exceptionnelle, alors qu’est-ce qui l’est? »

L’absence de décision a des conséquences majeures. Comme les parents de Mawda n’ont pas de permis de séjour, ils peuvent être arrêtés lors d’un contrôle d’identité et envoyés dans un centre d’asile fermé. « Theo Francken (N-VA) a déclaré dans la presse que les parents ne peuvent être expulsés. Mais comment expliquer ça en cas de contrôle ? Ils peuvent tout de même difficilement se promener avec un article de journal dans lequel Francken dit qu’ils peuvent rester, non ? »

En l’absence de régularisation, les parents ne sont pas autorisés à travailler et n’ont pas droit à une indemnité. Ils dépendent de l’aide de la Plate-forme des citoyens pour l’aide aux réfugiés, qui leur fournit un abri à Bruxelles. Comme on leur a ordonné de quitter le pays lorsqu’ils ont été arrêtés après la fusillade, ils n’ont pas droit aux prestations du CPAS – bien qu’il y ait une demande d’autoriser une exception. « Ils ne peuvent quitter le pays avant le procès au sujet de la mort de leur fille, car ils sont témoins et parties civiles. » Les parents recevront une réponse le 15 février.

L’enquête sur ce qui s’est passé dans la nuit du 16 au 17 mai 2018 suscite également de sérieux doutes. Dans une vaste enquête publiée par Paris Match, le journaliste d’investigation Michel Bouffioux fait quelques observations remarquables. Il y mentionne des erreurs majeures commises par le ministère public et la police. Par exemple, le procureur de Bergen a d’abord affirmé que Mawda n’avait pas été tuée par une balle et qu’aucun médecin légiste n’était venu sur les lieux pour enquêter. D’après les enregistrements sonores, le tireur aurait su qu’il y avait des migrants dans la camionnette.

Pour les parents, l’incertitude est difficile à supporter. « Il faut comprendre que les parents de Mawda sont très jeunes et à peine alphabétisés. Ils ont le sentiment d’être manipulé et que l’on cache des choses. C’est très difficile pour eux de comprendre ce qui se passe », déclare leur avocate.

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