Patrick Charlier. © belgaimage

Les lignes bougent chez Unia

Unia fait évoluer sa philosophie en matière de lutte contre l’antisémitisme et défend le droit de ne pas exprimer ses convictions religieuses. Explications avec son directeur francophone, Patrick Charlier.

Si Unia n’existait pas, il faudrait l’inventer. L’existence d’un organisme public dédié wà l’égalité des chances, à la lutte contre les discriminations et la protection des droits fondamentaux fait partie des standards d’un Etat moderne européen. Pour autant, l’institution ne coule pas des jours tranquilles. La Flandre a exprimé son intention de s’en désengager d’ici à 2023 et le parlement flamand ne veut pas procéder au remplacement d’un membre du conseil d’administration qui devrait nécessairement être nommé par le Vlaams Belang.

Côté francophone, les polémiques sont moins vives. Le directeur francophone, Patrick Charlier, est juriste et légitimiste. Sur certains points, la philosophie de Unia est en train d’évoluer. Et pas seulement à propos de sa collaboration avec le Collectif contre l’islamophobie en Belgique. Elle sera réexaminée notamment à la lumière des informations que détient la Défenseuse des droits, Claire Hédon, sur le Collectif contre l’islamophobie en France en voie d’interdiction à la suite d’une décision gouvernementale, mais qui s’est autodissous. Le CCIF faisait partie de son « comité d’entente sur les discriminations fondées sur l’origine ».

Sur certains points, la philosophie de Unia est en train d’évoluer.

Ces dernières années, Unia a subi des revers en justice dans ses combats pour la liberté de porter des signes convictionnels au travail et dans les hautes écoles. De l’incompréhension?

Unia ne se borne pas à lutter contre les entraves à la liberté d’exprimer ses convictions religieuses, qui est garantie par la Convention de sauvegarde des droits de l’homme, mais également pour la liberté de ne pas exprimer ces mêmes convictions. La cour de justice de l’Union européenne ne s’est pas prononcée sur ce qui était légitime ou pas dans une entreprise en termes religieux, mais bien sur l’impact que l’exhibition de signes convictionnels pouvait avoir sur le vivre-ensemble. Cela m’inspire une autre réflexion: comment se fait-il que nous ne soyons pas saisis par des personnes qui font l’objet de pressions sociales sur leur lieu de travail? Indirectement, il nous revient qu’il est arrivé que là où des lieux de prière ont été négociés par Unia, il y a des pressions sur ceux qui, présumés musulmans, ne s’y rendent pas. Ou que les hommes accaparent ces lieux de prière. Nous ne sommes pas aveugles et sourds à ces réalités-là quand nous faisons des accompagnements. La liberté, c’est aussi de ne pas dévoiler ses convictions.

Unia n’était pas emballé par la définition de travail de l’International Holocaust Remembrance Alliance (Ihra) qui assimile l’antisionisme radical à de l’antisémitisme (nazifier l’Etat d’Israël, appliquer à ses citoyens des clichés antisémites ancestraux…). Pourquoi?

On ne refuse pas la définition de l’Ihra. On a réexaminé en interne tous les dossiers « antisémitisme » et on est arrivé à la conclusion que trois cas sur 79 dossiers datant de 2018 auraient été qualifiés d’antisémites selon la définition de l’Ihra . On intègre cette réflexion.

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