Thierry Bodson © Belga

 » Le tax-shift fédéral aura un impact négatif pour les Régions « 

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB wallonne tire la sonnette d’alarme : avec la nouvelle loi de financement, les Régions paieraient un lourd tribut budgétaire à une baisse des charges sur le travail. « La Wallonie et Bruxelles doivent être associées à la négociation fiscale », dit-il.

Une « bonne nouvelle » pour la Wallonie et une « bourde monumentale » de la part du gouvernement fédéral : voilà, schématiquement, comment le ministre-président Paul Magnette (PS) a présenté la révision des chiffres concernant les recettes fiscales redistribuées aux Régions, annoncée ce 8 juillet par le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt. La baisse de revenus pour la Flandre, la Wallonie et Bruxelles ne s’élève finalement qu’à 157 millions d’euros, au lieu des 750 millions annoncés au printemps. « Il ne s’agit toutefois là que d’une analyse au premier degré », relève Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB wallonne.

Le Vif/L’Express : Cet incident en dit long sur l’évolution de notre fédéralisme, non ?

Thierry Bodson : Ce conflit ponctuel illustre, à nouveau, la nécessité absolue d’une concertation renforcée si l’on veut arriver à un fédéralisme adulte et responsable. Sur le plan budgétaire, le fédéral et les Régions doivent absolument mettre en place une méthode de calcul plus scientifique pour l’avenir et convenir d’un lieu où le dialogue est réel, une sorte de comité de concertation permanent. Il faut éviter qu’un niveau de pouvoir impose sa méthode et que l’on ne se retrouve in fine dans un débat absurde consistant à savoir qui porte le bonnet d’âne. Voilà aussi pourquoi la Wallonie doit absolument exiger d’être associée aux discussions de ces semaines-ci sur la réforme fiscale au niveau fédéral. Toute décision fédérale affectant les mécanismes de la loi de financement est susceptible d’avoir un impact plus ou moins important sur le budget des Régions. Si demain, on diminuait l’impôt sur le travail, ce qui est fortement souhaitable, la compensation se ferait par une augmentation de la TVA, que l’on désapprouve absolument, ou par une augmentation de l’impôt sur les revenus mobiliers, que l’on désire à la FGTB. Mais dans un cas comme dans l’autre, l’assiette fiscale qui sert de base à la dotation régionale serait revue à la baisse, avec une perte de revenus considérable pour les Régions dans les années à venir. Il apparaît aujourd’hui que la montagne fiscale fédérale pourrait accoucher d’une souris en raison des tensions au sein de la majorité. Mais si cette réforme fiscale était ambitieuse, l’impact potentiel serait tout autre que ce que l’on a vu jusqu’ici.

C’est-à-dire ?

A titre d’exemple, le gouvernement se félicite d’avoir augmenté la déductibilité fiscale des frais forfaitaires en 2015, ce qui a permis, c’est vrai, une revalorisation de quelque 20 euros pour les salaires poche des travailleurs en Belgique. Ce n’est pas grand-chose et pourtant, cette seule décision aura comme conséquence un manque à gagner de 70 millions d’euros pour la seule Wallonie dès 2016. Il serait impensable de ne pas associer les Régions à cette discussion fiscale stratégique, autrement plus importante.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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