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Le procès rocambolesque de Pepe Rosato

Le troisième épisode du « procès Habran et consorts » se jouera bientôt à Nivelles. On y parlera de Nordine Amrani, l’auteur de la tuerie de Liège, grand copain de Pepe Rosato, l’unique accusé.

Soupçonné de quatre assassinats, Pepe Rosato a été reconnu coupable de trois dans le cadre du deuxième procès dit « Habran et consorts » (grand banditisme liégeois), en septembre 2010. Mais il ne sait toujours pas à quelle sauce il va être mangé, alors que deux de ses coaccusés (Thierry Dalem et Marcel Habran) sont en prison et qu’un troisième (Anouar Bennane) a été acquitté. Depuis qu’il a été libéré provisoirement, Rosato est revenu vivre chez sa femme, Anne G., et se présente sagement à tous ses rendez-vous judiciaires. Il bénéficie d’une pension d’invalidité pour dépression nerveuse.

Le 3 septembre, l’homme de main de la pègre liégeoise, spécialisé dans la récupération de dettes et la « sécurité », a de nouveau rendez-vous avec la cour d’assises du Brabant wallon, à Nivelles. Le procès va reprendre là où il avait été laissé inopinément, à la suite du coup de tête du président de la cour d’assises, Luc Maes. Avec ses deux assesseurs, ce dernier avait annulé le verdict de culpabilité de Pepe Rosato, prononcé par le jury populaire délibérant seul. Luc Maes avait vu un défaut de logique dans la motivation du jury car Anouar Bennane avait été acquitté sur la base des mêmes arguments qui avaient conduit à la condamnation de son complice Rosato. Celui-ci devait être rejugé, avaient considéré les juges professionnels. Pas d’accord, a dit la Cour de cassation.

Comme le procès de 2010 n’a pas été à son terme, il faut le reprendre – mais pas de zéro. Le verdict sur la culpabilité est acquis. Reste à fixer la peine. Mais comment une cour d’assises peut-elle infliger une peine à un accusé dont la culpabilité a été établie par un autre jury ? Du jamais-vu dans l’histoire de la justice belge.

« Un cas d’école, confirme Me Michel Bouchat, l’avocat de Pepe Rosato. Dès lors, mon client a souhaité qu’un professeur, Me Marc Preumont [il donne cours de procédure pénale à l’ULB], m’accompagne dans sa défense. Nous allons demander que l’instruction soit refaite à l’audience et à pouvoir déposer des conclusions. » Le procès de Pepe Rosato s’engagera donc cahin-caha sous la présidence de Dominique De Haan. Aucun texte ne prévoit le déroulement des opérations. Certes, des enquêteurs liégeois viendront réexpliquer toute l’affaire Rosato aux jurés. Mais cela suffira-t-il à rendre possible un vrai débat et échapper à un quatrième procès d’assises pour la même affaire ?

Le ministère public, représenté par Michel Yernaux, du parquet fédéral, a un atout dans sa manche. Mais il est tellement gros qu’il peut se retourner contre l’accusation. Lorsqu’ils étaient ensemble à la prison d’Andenne, Pepe Rosato avait pris sous son aile Nordine Amrani, le tueur de la place Saint-Lambert (13 décembre 2011). C’est Rosato qui a accompagné la veuve d’Amrani place Saint-Lambert, juste après les terribles faits, et ensuite à la morgue. « Ils habitaient dans le même quartier. Pas la peine d’en faire une histoire de grand banditisme », estime Me Bouchat. N’empêche : selon les informations du Vif/L’Express, la voiture de l’épouse de Pepe Rosato a été trouvée dans l’atelier-garage d’Amrani, rue Bonne Nouvelle, lorsque les policiers ont découvert le corps de la femme d’ouvrage Antonietta Racano, tuée au matin de la tuerie de la place Saint-Lambert. En liberté provisoire, il semble que Pepe Rosato continuait à fréquenter le milieu liégeois.
Marie-Cécile Royen

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