Le Fuse (Bruxelles).

Le monde de la nuit sonne la révolte: pression maximale sur le Codeco… et son baromètre « obsolète »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Lassé d’être ignoré par les politiques, le secteur de la nuit rouvrira ses portes le week-end du 18 février prochain, annonce-t-il dans un communiqué. Sauf si « le Comité de concertation de vendredi annonce une perspective précise et réaliste ».

Vu le « manque de considération et la paralysie politique dont témoignent les membres du Codeco », le secteur de la nuit, « à l’agonie financièrement et mentalement », a décidé de « reprendre sa vie en main ».

« Ainsi, restés trop longtemps sans perspective ni aide financière suffisante, les clubs flamands, wallons et bruxellois prennent l’initiative commune de rouvrir sous la forme d’une manifestation festive, en leurs murs et aux heures habituelles (si le Codeco n’annonce pas de perspective concrète, autrement dit une date précise) », peut-on lire dans le communiqué.

Dans son argumentaire, le secteur fustige notamment le baromètre, cet « outil obsolète au vu des mesures privilégiées dans les autres pays européens et compte tenu de l’évolution du variant Omicron » et met en garde contre la décision éventuelle d’une réouverture plus tardive, laquelle « ne saurait convenir à la plupart des opérateurs vu la saisonnalité de leur activité : octobre à fin mars (dès avril arrive la concurrence des open air, festivals et vacances)« .

Ce matin, à 9 heures, « 90 % des boîtes de nuit et des lieux de divertissement » annoncent des événements sur leurs sites Web.

Les jauges et les tests, c’est non

Petit clin d’oeil à nos voisins français, le week-end privilégié pour cette reprise d’activité « forcée » colle à la date de réouverture annoncée pour les discothèques par le gouvernement Macron, et « dont le Codeco a souvent calqué les décisions au début de la crise », précisent encore les signataires.

Le prochain Codeco se tiendra vendredi.Si l’on devait basculer en code orange, selon les critères du baromètre corona, une réouverture avec jauge (mais sans heure de fermeture) des discothèques serait envisageable. Une option que rejette Lorenzo Serra, porte-parole de Brussels by Night Federation: « Cette jauge n’a pas de sens, les gens vont quand même s’agglutiner autour des bars et sur les pistes de danse, le nombre n’y changera rien », ponctue-t-il.

Un timing nécessaire « pour la saison intérieure »

Pourquoi ce soulèvement intervient-il deux jours avant le Codeco, alors que le passage au code orange est plus que probable? « Nous voulons la certitude, il y a eu tellement d’incertitude ces dernières semaines. Même si le baromètre passe à l’orange, nous ne savons pas quand nous pourrons ouvrir. Nous ne pouvons plus attendre. Notre saison intérieure s’étend d’octobre à avril. Si nous voulons ouvrir ce printemps, il faut le faire maintenant », déclare Steven Van Belle de la discothèque de Fuse à Bruxelles, au journal De Standaard.

Le secteur de la nuit est l’un des secteurs les plus durement touchés par la pandémie. Les discothèques en Belgique ont été ouvertes pendant à peine sept semaines au cours des deux dernières années.Le secteur se dit par ailleurs réfractaire aux tests à l’entrée. « Nous l’avons essayé pendant une semaine en novembre et la conclusion est que ce n’est absolument pas réalisable. »

Steven Van Belle est convaincu que la campagne sera largement soutenue. « Il y a eu une concertation avec les salles de concert. Ils suivent notre action et sont heureux que nous augmentions la pression. » Le responsable souligne également que le secteur continue de consulter les politiciens. « Nous sommes prêts à négocier. Mais il faut un signal fort : la réouverture doit venir très vite. »

Le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) n’a pas encore explicitement réagi à cette rébellion du secteur de la nuit. Ce mercredi matin, il a confié à Radio 1 que lessignaux indiquent que nous pourrions passer aucode orangedu baromètre. Il précise toutefois que le changement ne sera probablement pas pour ce vendredi, mais plutôt pour le 18 février. Pour le monde de la nuit, le passage au code orange signifierait une réouverture partielle, avec jauges. Une condition d’ores et déjà repoussée parBrussels by Night Federation. Vendredi, le Codeco devra donc, pour la première fois, faire face au premier réel soulèvement du secteur, le plus impacté depuis le début de la crise. Et l’impasse « barométrique » se profile déjà à l’horizon.

Avec Belga

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