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Le Covid Safe Ticket risque-t-il de discriminer certaines personnes?

Stagiaire Le Vif

Alors que le Covid Safe Ticket (CST) devrait entrer en vigueur le 1er octobre à Bruxelles pour les secteurs de la restauration, de l’évènementiel et des discothèques, ce dernier soulève déjà une série de questions.

L’usage du Covid Safe Ticket devrait être élargi dans la capitale, où le taux de vaccination est encore trop faible (30% des 12-17 ans et 44% des 17-24 ans). Chez nos voisins français, il est pratiquement devenu la norme : son extension a permis d’augmenter fortement le nombre de vaccinations (63% contre 50% avant).

Rudi Vervoort, le ministre-président bruxellois, insiste sur le fait que ce système sera provisoire, pour une durée maximale de 3 mois. Des acteurs politiques dénoncent par ailleurs l’hypocrisie de cette extension et estiment qu’un débat sur la vaccination obligatoire est nécessaire – c’est notamment le cas de Sophie Wilmès (MR) a indiqué « vouloir ouvrir le débat ».

Samedi dernier, environ 3.500 personnes manifestaient en plein coeur de quartier européen à Bruxelles pour la liberté sanitaire. Le coeur du problème : ce passe sanitaire que beaucoup décrivent comme de l’obligation vaccinale déguisée.

Un CST polarisant

L’épidémiologiste Marius Gilbert exprimait son inquiétude concernant les conséquences du CST, sur le plateau de C’est pas tous les jours. Notamment autour d’un danger majeur : « Il va accentuer la polarisation de la société et ça, c’est aussi un risque ».

Ces prédictions semblent déjà se réaliser. L’Unia, institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination, promeut l’égalité et protège les droits fondamentaux en Belgique, tire la sonnette d’alarme.

Depuis l’annonce, de plus en plus de personnes s’adressent à l’organisation. Nathalie Denies, cheffe du service soutien individuel à l’Unia, indique que la majorité sont des personnes qui sont dans un mécontentement général et qui estime que le passe sanitaire est une violation de leurs libertés. Beaucoup dénoncent également les propos, jugés discriminatoires, des personnalités politiques qui s’expriment dans la presse au sujet des personnes qui refusent de se faire vacciner.

Le nombre de signalements de personnes qui ont fait face à des refus d’entrée dans des lieux (boulangeries, cafés etc.) parce qu’ils ne pouvaient pas présenter de passe sanitaire est croissant.

Des associations et des organismes sont également perdus et s’interrogent sur leurs possibilités en matière d’organisation d’évènements. Mme Denies donne l’exemple d’un cours de yoga prénatal qui souhaitait savoir s’il était possible d’organiser des cours séparés pour les femmes vaccinées et celles qui ne le sont pas.

L’Unia invite à la vigilance pour ne pas tomber dans une société polarisée. Patrick Charlier, le directeur de l’organisme, rappelle dans le quotidien Le Soir que « l’on parle bien ici de l’état de santé d’une personne et donc c’est un risque de discrimination sur cette base ». Il indique également que les mesures prises sont parfois justifiées par le contexte sanitaire, mais il y a un risque que l’on « reste dans cette société-là »

Lola Buscemi

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