Marianne Thyssen, Wouter Beke, Joachim Coens, Hilde Crevits, Sammy Mahdi et Koen Geens © Belga

Le CD&V tient le pays en otage

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le parti recadre le missionnaire Koen Geens en le cantonnant à la formule avec la N-VA. Compréhensible, mais explosif.

Le CD&V a des états d’âme existentiels et ceux-ci tiennent le pays en otage. La décision royale de nommer Koen Geens, vice-Premier CD&V, pour une mission surprise avait pris de court le parti et son président, Joachim Coens. Une fameuse prise de risque, avions-nous écrit. Cela se vérifie: lors d’une réunion secrète dont la teneur a été révélée par nos collègues du Standaard, le parti a demandé explicitement à Koens Geens de se limiter à une mission de courte durée, focalisée sur la possibilité de nouer un dialogue entre la N-VA et le PS.

Depuis le début de la crise, les sociaux-chrétiens flamands privilégient coûte que coûte l’option PS-N-VA. Or, le président du PS, Paul Magnette, a répété à de nombreuses reprises qu’il ne pouvait pas entrer dans une telle logique s’il s’agissait de « mener une politique de droite ». Depuis sa sortie de mission, l’ex-informateur Georges-Louis Bouchez, président du MR, souligne en outre qu’il a tout tenté pour amener les deux principaux partis de chaque communauté à nouer des accords. Cette analyse a peut-être un biais : il était peu probable que Paul Magnette fasse le « cadeau » à son rival d’entrer dans cette logique N-VA / PS en lui offrant une victoire royale sous la forme d’une mission réussier. En tout état de cause, une telle formule nommée Bourguignonne nécessitera des concessions importantes de part et d’autre, voire une discussion sur la réforme de l’Etat.

D’un côté, la position du CD&V peut se comprendre : la situation en Flandre est telle (avec un Vlaams Belang en plein boom) qu’il serait difficile d’imaginer une coalition fédérale sans les deux principaux partis flamands (nationalistes de surcroit) et sans majorité dans le groupe linguistique néerlandophone. Tombé à un plancher historiquement bas aux élections, doté d’un nouveau président en la personne de Joachim Coens, le parti est dans une santé précaire et craint de disparaître en posant le choix audacieux de gouverner sans la N-VA, au sein d’une Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes et CD&V) dont on ne parle d’ailleurs plus en Flandre come une option possible.

D’un autre côté, la position du CD&V exaspère du côté francophone. Georges-Louis Bouchez a insisté dès sa sortie de mission sur la nécessité pour le CD&V de régler son problème interne. Des analystes ne comprennent pas ce « scotchage » à la N-VA qui empêche le CD&V de se distinguer électoralement – selon eux, c’est précisément en reproduisant le cartel avec les nationalistes que le CD&V se tirer une belle dans le pied. Enfin, le CD&V devient le principal responsable de la paralysie du pays en restant campé dans une position qui mène tout droit aux élections.

https://twitter.com/avocatbxl/status/1224614499161968640Maître Stoemelingshttps://twitter.com/avocatbxl

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

550rich3153600000Twitterhttps://twitter.com1.0

En lançant Koen Geens dans l’arène, contre l’avis de son parti, le roi Philippe a donc bel et bien pris une décision risquée. Après Bart De Wewer (N-VA), John Crombez (ex-président SP.A) n’exclut pas non plus des élections anticipées. Le pouvoir du roi, dans ce paysage politique belge explosif; ne doit pas être surestimé.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire