Joyce Azar

Le bilan de cinq ans de pouvoir N-VA en Flandre

Joyce Azar Journaliste VRT-Flandreinfo et co-fondatrice de DaarDaar

Au lendemain des régionales de 2014, la Flandre héritait pour la toute première fois d’un ministre-président N-VA. Le parti avait accordé la place d’honneur à son fondateur, Geert Bourgeois. Ce dernier embarqua dans sa coalition son ancien partenaire de cartel, le CD&V, ainsi que l’Open VLD. Après cinq années de législature, de nombreux observateurs s’accordent à dire que ce gouvernement flamand aura été à l’image de son numéro un : bosseur, mais peu flamboyant.

Certains domaines en particulier ont fait basculer le Nord du pays dans la case des mauvais élèves. En matière d’environnement, la Flandre aurait pourtant pu briller, au vu des engagements ambitieux pris en début de législature. Mais, outre la démission de la ministre Joke Schauvliege (CD&V), on retiendra surtout une marche arrière sur l’introduction d’une consigne pour limiter l’utilisation du plastique. Le dénommé  » Stop au béton «  a, lui, été remis à plus tard et le projet de reboisement du territoire s’est soldé par un échec. Seul point de réconfort : l’objectif d’utiliser 13 % d’énergies renouvelables d’ici à 2020 est encore à portée de main.

La N-VA ayant changé son fusil d’épaule, la taxe kilométrique ne verra pas non plus le jour. Un revirement vécu par certains comme une claque, alors que les embouteillages ne cessent de s’amplifier. La densité du trafic ne gêne d’ailleurs pas uniquement les automobilistes. Elle a aussi un impact sur la ponctualité des transports publics. Résultat : la satisfaction des utilisateurs de De Lijn est en baisse. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles leur nombre n’a pas augmenté, malgré la volonté du ministre de la Mobilité, Ben Weyts (N-VA). Ce dernier se consolera d’être parvenu au seul accord qui laissera une trace indélébile du gouvernement Bourgeois : celui du bouclage du ring d’Anvers, mieux connu sous le nom de l’Oosterweel.

Autre épine dans le pied, cette fois, de la ministre Liesbeth Homans (N-VA) : la lutte contre la pauvreté infantile. Elle avait annoncé vouloir la diminuer de moitié d’ici à 2020. Le nombre d’enfants de moins de 3 ans qui grandit dans une famille défavorisée a augmenté de 2,4 %. Un constat douloureux qui s’ajoute à une hausse du nombre de candidats à un logement social. Ils sont aujourd’hui 15 000 de plus qu’il y a cinq ans, alors que 11 000 habitations à loyer abordable sont inoccupées.

Malgré ces lacunes, le bilan économique demeure le vrai point fort du gouvernement flamand. Après avoir imposé des économies et augmenté les tarifs notamment des transports publics, des écoles, de l’eau et de l’énergie, la coalition sortante peut se targuer d’avoir ramené le budget en équilibre. La mise à l’écart de l’Oosterweel dans son calcul lui a même permis de dégager un excédent autorisant des investissements supplémentaires. Cerise sur le gâteau : le taux de chômage a atteint 6 %, le niveau le plus bas en dix ans.

Les défis du prochain gouvernement flamand n’en demeurent pas moins nombreux avec, en tête, l’enseignement qui, face à une pénurie d’instituteurs et au recul du niveau des élèves, connaît une crise sans précédent. Bart De Wever (N-VA), successeur annoncé de Geert Bourgeois, en fait déjà l’une de ses priorités.

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