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Landen : 14.400 watts de musique pour chasser les gens du voyage

Le Vif

Les autorités de Landen dans le Brabant flamand ont enclenché une installation sonore de 14.400 watts mercredi matin sur un terrain industriel occupé par des gens du voyage en vue de déloger les squatteurs.

Un accord a finalement été trouvé entre la commune et les gens du voyage installés dans un zoning industriel de Landen, dans le Brabant flamand. Ils sont prêts à quitter le terrain qu’ils occupaient jeudi midi selon le bourgmestre Gino Debroux (sp.a). L’initiative de ce dernier de les déloger à coup de décibels a recueilli de nombreuses critiques mais selon lui, « c’était un moyen ludique de trouver une solution sans violence et cela a réussi ». Bruno Tobback, président du parti flamand sp.a, dont fait partie Debroux, s’est dit soulagé qu’une solution ait pu être trouvée mais estime que « cette histoire est allée bien trop loin ». « Nous regrettons qu’il y ait eu des actions et des mots durs. Ce n’est pas ainsi que nous gérons les choses », a-t-il rajouté.

De la musique plein les tympans à 9 heures du matin

Une trentaine de caravanes sont stationnées depuis dimanche soir sur le zoning. Le propriétaire du terrain et la commune de Landen n’avaient octroyé aucune autorisation aux occupants de ces caravanes pour s’installer à cet endroit. Ils leur ont donc demandé de quitter les lieux. A l’issue de pourparlers, il a été convenu que le groupe poursuivrait son périple mardi matin. Les gens du voyage ont toutefois fait savoir mardi soir qu’ils prolongeraient leur séjour à Landen jusqu’à vendredi.

De la musique puissante a retenti dès 9h mercredi matin mais a été
mise en sourdine une heure plus tard car la police locale, accompagnée d’un représentant du Centre provincial, entamait des négociations avec les gens du voyage. La tension était montée d’un cran au sein de l’administration communale de Landen. Contactée par nos soins, son service communication ne laissait filtrer aucune information, et avançait ne pas être au courant de ce qui se passe sur le terrain, arguant même « ne pas disposer du GSM du bourgmestre ». Le bourgmestre était lui injoignable en fin de matinée sur son téléphone portable. A la mi-journée, un accord a été atteint au terme duquel les gens du voyage s’engagent à quitter les lieux jeudi midi.

« Pas OK, ce qu’il se passe à Landen. Pas OK du tout »

L’initiative du bourgmestre de Landen a suscité des réactions mitigées au sein de son propre parti, le sp.a. Le président des socialistes flamands, Bruno Tobback, n’approuve ainsi pas l’idée, même s’il dit comprendre « la situation difficile à laquelle est confronté le bourgmestre ». « J’espère qu’une autre solution sera trouvée, histoire que les festivals de musique retrouvent le lieu qui leur est dévolu », explique-t-il.

Freya Van den Bossche, ministre flamande sp.a du Logement, se montre plus sévère. « Pas OK, ce qu’il se passe à Landen. Pas OK du tout », a-t-elle tweeté mercredi matin. De son côté, le bourgmestre de Lubbeek (Brabant flamand), Theo Francken (N-VA), a lui aussi dénoncé le plan mis en place à Landen. « Ca me fait penser à certaines pratiques appliquées en Roumanie, où les tsiganes sont chassés », dit-il. « Nous avons aussi accueilli beaucoup de gens du voyage l’an dernier. Ca avait provoqué un peu d’agitation au sein de la population. Mais il faut discuter avec eux et trouver des compromis », insiste-t-il. « Je viens donc d’avoir ma dernière leçon en matière de tolérance d’un socialiste », ironise M. Francken, qui rappelle que « la France et la Roumanie ont déjà été condamnées par l’Europe pour leur manière de traiter les tsiganes ».

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