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La Vivaldi temporairement sauvée: le roi refuse la démission des préformateurs (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Quarante-huit heures chrono: le roi prolonge le duo Lachaert-Rousseau jusqu’au 23 septembre et demande aux partis de « restaurer la confiance », après une nouvelle journée de tensions au cours de laquelle le SP.A ne voulait plus négocier avec le MR – qui, lui, voulait poursuivre. La coalition à venir était à deux doigts de la mort clinique. La Belgique suspendue à de drôles de jeux politiques.

Le duo de préformateurs Egbert Lachaert (Open VLD) et Conner Rousseau (SP.A) a fait rapport au roi ce lundi, avec leur mission au bord de l’échec. Le roi Philippe a refusé leur démission. Voici le texte du communiqué royal: « Sa Majesté le Roi a reçu en audience au Palais de Bruxelles Messieurs Egbert Lachaert et Conner Rousseau. Les préformateurs ont remis leur démission au Roi. Le Roi a refusé leur démission et leur a demandé de poursuivre leur tâche. Le Roi demande à tous les partis concernés de rétablir au plus vite la confiance. Les préformateurs feront à nouveau rapport au Roi au plus tard le mercredi 23 septembre. »

Ce communiqué s’apparente à un sermon royal pour une classe politique qui a donné une piteuse image, depuis ce week-end. Et à une dernière chance pour sauver la Vivaldi.

Une journée sous haute tension

Les deux préformateurs auraient dû céder la main à un formateur ou une formatrice, ce lundi. Le rendez-vous est – au mieux – reporté.

La journée a été des plus tendues, avec le sentiment que la Vivaldi s’écraserait en plein vol. Les tensions étaient vives depuis ce week-end autour de la personnalité du président du MR, Georges-Louis Bouchez. Les négociations ont même été suspendues dimanche en fin de journée, sans que les divergences de fond ne soient tranchées et… sans que le casting ne soit établi, dont la délicate décision concernant le poste de Premier ministre. Les libéraux flamands laissaient entendre qu’Egbert Lachaert pourrait remettre son tablier. Le climat était à l’orage.

Les présidents des sept partis d’une éventuelle coalition Vivaldi se sont finalement retrouvés lundi au Palais d’Egmont à Bruxelles sur le coup de midi pour reprendre les négociations interrompues la veille et tenter d’éviter la crise. Une réunion de la dernière chance. Des rencontres bilatérales ont tenté de déminer les tensions durant plus de quatre heures. La Première ministre Sophie Wilmès (MR) et le vice-Premier Open VLD Alexander De Croo étaient présents avant de quitter les lieux pour préparer le Conseil national de sécurité, organisé mercredi.

Peu avant 17h, les préformateurs se sont rendus au palais sans qu’un consensus ne se soit dégagé entre présidents de partis sur la suite de leur mission. Au roi Philippe de trancher.

Depuis ce week-end, la tension n’a pas baissé. Et s’est transformée en un bras de fer entre les libéraux francophones et les socialistes flamands.

En bureau du MR, ce lundi matin, Georges-Louis Bouchez a défendu l’idée que son parti serait esseulé sur les thèmes importants pour les libéraux. L’accord, en l’état, serait indéfendable pour son parti. Mais il se dit toujours désireux d’obtenir un accord pour le 1er octobre, date à laquelle les sept partis de la Vivaldi se sont entendus pour faire une déclaration gouvernementale à la Chambre. C’est d’ailleurs ce que le président du MR a confirmé sur Twitter… en néerlandais dans le texte: le bureau a décidé à l’unanimité qu’il voulait travailler à un accord pour cette date. Il précise que « dans les prochaines heures », des solutions doivent être trouvées pour rencontrer les points de difficulté de son parti, au même titre que ceux des autres.

https://twitter.com/GLBouchez/status/1307987572690477057Georges-L BOUCHEZhttps://twitter.com/GLBouchez

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Le SP.A, pour sa part, réclamait que le MR quitte purement et simplement la négociation. A l’issue du bureau de parti, les socialistes flamands affirmaient « ne pas vouloir continuer à travailler avec un parti qui ne veut pas de solution » – entendez le MR. Ce n’est pas la première fois que de vives tensions sont perceptibles entre les deux jeunes loups de la politique belge, Conner Rousseau et Georges-Louis Bouchez: le premier avait notamment été heurté par une remarque méprisante du libéral le traitant d' »écolier » lors d’une phase précédente de discussions. Mais cette fois, la rupture semblait définitive. Le SP.A voulait un gouvernement sans MR ou des élections. Le roi a finalement décidé qu’une nouvelle tentative s’imposait.

https://twitter.com/devoscarl/status/1307983109426761728Carl Devoshttps://twitter.com/devoscarl

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Avant cela, les écologistes avaient appelé à une reprise rapide des négociations en affirmant que les Belges ne « comprendraient pas un échec ». Le président du CDH, Maxime Prévot, a au des mots très durs à l’encontre de Georges-Louis Bouchez, sans le citer (« Quand on fait n’importe quoi, on devient n’importe qui ») et celui de DéFI, François De Smet, dénonçe des « irresponsables ».

https://twitter.com/francoisdesmet/status/1307987541753241600François De Smethttps://twitter.com/francoisdesmet

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On reproche tout à Bouchez

La Première ministre libérale, Sophie Wilmès, avait été appelée dimanche soir à la table des discussions pour « cadrer » son président, qui irrite les autres partenaires. Selon les uns, il s’agissait d’une humiliation pour Georges-Louis Bouchez, voire d’un préavis d’échec s’il ne se comporte pas différemment. Mais selon les autres, c’était aussi… le signe de l’importance de Sophie Wilmès, qui se placerait de la sorte en pseudo-formatrice en cette journée décisive. Avec le recul, la première hypothèse prévalait: un préavis d’échec.

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On reproche à peu près tout à Georges-Louis Bouchez. Tout d’abord, une interview accordée au magazine Humo et abondamment relayée ce week-end, dans laquelle il affirme que « la Vivaldi sera plus à droite avec les écologistes que la bourguignonne (associant PS et N-VA) » et insistant sur l’importance une nouvelle fois sur l’importance de maintenir Sophie Wilmès au Seize. En dernière ligne droite des discussions, cette énième sortie médiatique de GLB en a crispé plus d’un.

https://twitter.com/LeVif/status/1307662405107941377LEVIF / L’EXPRESShttps://twitter.com/LeVif

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Mais ce n’est pas tout : le président du MR reviendrait sans cesse sur tous les accords acquis en réunions d’experts. Normal, rétorquent les libéraux : ce sont les présidents qui doivent trancher. La ligne libérale : Bouchez est en réalité le seul, autour de la table, à se battre face à la volonté du PS de mettre le cap à gauche.

En toile de fond, le combat pour le rôle de formateur que les socialistes verraient logiquement bien confier Paul Magnette, en tant que président de la première famille et du premier parti. Si ce n’est pas le cas, une telle concession se monnaie via les autres postes et sur le fond du programme. Outre son impétuosité médiatique et son interventionnisme, on reproche encore au Montois sa méconnaissance du néerlandais, qui rend les discussions plus compliquées. Faux, dit-on au MR, il comprend tout…

Ces critiques mettent davantage encore en évidence les atouts de la personnalité de Sophie Wilmès: elle et son président de parti sont comme l’eau et le feu… Mais la coupe était visiblement pleine chez les partenaires potentiels du MR.

https://twitter.com/GLBouchez/status/1307688749652996096Georges-L BOUCHEZhttps://twitter.com/GLBouchez

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Ce n’est pas la première fois que Georges-Louis Bouchez irrite son monde. Il avait déjà contribué à l’échec d’une mission impliquant la N-VA en accordant une interview très ‘belgicaine’ au magazine Wilfried. Les libéraux soulignent que ce sont souvent des prétextes. Son caractère volontairement clivant et son franc-parler sur Twitter indisposent aussi régulièrement les autres présidents. Qui veulent mettre publiquement en cause sa responsabilité.

En ce moment clé de la négociation, cette dramatisation de dernière minute a mis la future Vivaldi sous une telle tension qu’elle risquait d’échouer. Après les états d’âme du CD&V la semaine dernière, cela illustrait un manque de confiance chronique au sein de cette majorité.

https://twitter.com/DaveSinardet/status/1307767687825817600Dave Sinardethttps://twitter.com/DaveSinardet

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D’ores et déjà, avant même que le duo Lachaert – Rousseau ne se rende au palais, certains spéculaient sur la suite des opérations. Une Vivaldi quand même, après cette dramatisation? C’est ce que le roi demande aux préformateurs de tenter. Ou une coalition sans le MR ou sans le SP.A? Un remplacement du MR par le CDH à tous les niveaux de pouvoir? Un retour du dialogue PS – N-VA? Ou des élections anticipées?

La Belgique est suspendue à de drôles de jeux politiques. Et nous voilà repartis pour un quarante-huit heures chrono.

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