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La Vivaldi reçoit un dernier délai du palais: cela se frictionne encore sur le budget (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le roi demande aux formateurs de remettre leur rapport final « dans les plus brefs délais ». La coalition s’est longuement réunie pour entamer les derniers arbitrages, mais un dernier bras de fer socialistes-libéraux a lieu sur le budget. Des accords nucléaires et institutionnels déjà critiqués. Le vice-Premier Open VLD Alexander De Croo sortant tiendrait la corde pour le Seize.

Les formateurs Alexander De Croo (Open VLD) et Paul Magnette (PS) ont été reçus ce lundi pour ce qui devait être la dernière étape avant la naissance de la Vivaldi. Ils ont finalement reçu un délai supplémentaire: le roi leur a demandé de remetre leur rapport final « dans les plus brefs délais ». Les négociations coincent encore sur la trajectoire budgétaire, dit-on, dans une discussion classique entre socialistes et libéraux.

Les négociations entre socialistes, libéraux, écologistes et CD&V ont repris ce lundi matin à 10h pour finaliser la partition. Au menu, il y avait l’épure budgétaire finale, avec le calcul des politiques nouvelles, et les derniers arbitrages de fond. Le bras de fer entre socialistes et libéraux, qui n’est pas de nature à remettre la Vivaldi en cause dit-on, se prolongera ce soir et peut-être demain.

https://twitter.com/PaulMagnette/status/1310623162669899779Paul Magnettehttps://twitter.com/PaulMagnette

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La majorité doit voir le jour pour une déclaration devant les députés, qui aura exceptionnellement lieu au parlement européen, le 1er octobre.

Des accords déjà critiqués

Un accord serait déjà intevenu sur les modalités de la sortie du nucléaire en 2025, pour autant… que les alternatives (sous formes de centrales au gaz, soumises à appel d’offres en 2021) soient suffisantes d’ici là. Pour le professeur de l’ULg Damien Ernst, il s’agit d’une énorme prise de risque: « Il faut préciser que retarder la décision sur les réacteurs T3 et D4 au delà du 01/2021 est équivalent à les fermer, dit-il dans un tweet. Et là si on n’arrive pas à construire les centrales au gaz dans les temps, ce sera la CATASTROPHE TOTALE en termes de sécurité d’approvisionnement. » Claude Desama, qui fut longtemps l’un des « messieurs énergie » du PS n’est pas en reste: « Confirmer la fermeture de tous les réacteurs nucléaires en 2025 serait une décision irresponsable sur les plans social (perte d’emplois, hausse des tarifs), financier (coût du crm et du démantèlement), écologique (émissions du co2 en hausse) sans parler des risques de black-out », tweete-t-il de son côté.

https://twitter.com/DamienERNST1/status/1310579632647942144Damien ERNSThttps://twitter.com/DamienERNST1

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Les négociateurs se sont également entendus pour baliser une réforme de l’Etat « sans tabous » (ce qui n’exclut ni régionalsiation, ni refédéralisations) et préparée lors d’un large débat « public » avec des experts, coordonné par deux vice-Premiers en charge des matières institutionnelles. En Flandre, cette annonce, qui se dessinait, est pratiquement perçue comme une mise au frigo de l’institutionnel. L’organisation des soins de santé pourrait toutefois être transférée auparavant pour satisfaire le CD&V.

L’épure budgétaire doit encore être finalisée. Selon plusieurs sources, le montant total des politiques nouvelles à l’horizon 2024 s’établirait aux alentours de 11 milliards d’euros. Cela s’ajoute à la facture de la crise du coronavirus: là aussi, des voix s’élèvent pour critiquer le manque de prévoyance de la future majorité. C’est à ce sujet que les derniers arbitrages prennent le plus de temps. En clair, les futurs partenaires doivent encore s’entendre sur la trajectoire budgétaire précise, ainsi que sur les politiques nouvelles qui pourront véritablement être menées.

https://twitter.com/vereeck/status/1310574646014730240Lode Vereeckhttps://twitter.com/vereeck

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Lire aussi: La note de la Vivaldi

De Croo Premier ministre?

Le choix de celui qui occupera le Seize sera-t-il tranché aujourd’hui ? Depuis ce week-end, le nom du libéral flamand Alexander De Croo tient la corde: il rééquilibrerait la coalition vers la droite et donnerait un gage à la Flandre, minoritaire dans son groupe linguistique, après plus de deux législatures passées avec un locataire francophone au Seize (Elio Di Rupo, Charles Michel, Sophie Wilmès). Un seul homme sera-t-il lancé par le palais en fin de journée ou le duo terminera-t-il le travail y compris au sujet du casting? Une certitude: le prix du Seize sera cher dans les derniers équilibres à trouver.

A 44 ans, Alexander De Croo dispose déjà d’une sérieuse expérience au plus haut niveau. Arrivé du monde privé, le fils d’Herman De Croo avait pris la direction du parti libéral flamand avant de faire une entrée tonitruante dans les cercles gouvernementaux. En 2010, il avait « tiré la prise » du gouvernement Leterme après l’avoir mis en demeure de trouver rapidement une solution pour scinder l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Ce sparadrap lui a longtemps collé aux doigts. Depuis, en vice-Premier des gouvernements Di Rupo, Michel et Wilmès depuis 2012, il est devenu un pilier de stabilité dans une politique belge traversée de multiples convulsions

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La coalition doit voir le jour lors d’une déclaration gouvernementale qui sera présentée devant les députés, ce jeudi 1er octobre. Le rendez-vous est fixé, de façon inédite, au parlement européen, dans un hémicycle susceptible d’accueillir les 150 députés dans des conditions sanitaires idéales. Tout un symbole.

Un barrage contre les extrêmes

La Vivaldi a devant elle deux immenses responsabilités. La première consiste à stabiliser le pays et à gérer deux crises concomitantes d’envergure : le rebond sanitaire et le choc socio-économique. La seconde consiste tout simplement à donner un avenir démocratique au pays, à écarter les sirènes extrémistes et à faire diminuer la pression nationaliste en Flandre.

Dimanche, la démonstration de force du Vlaams Belang a donné un avant-goût de ce qui l’attend. Le rassemblement de 5000 voitures au Heysel et de quelque 10000 personnes a fait frémir plus d’un démocrate. Le parti d’extrême droite, pointé en tête dans plusieurs sondages au nord du pays, se profile de la sorte comme la principale force d’opposition à la Vivaldi. Son slogan à l’adresse des Flamands : « ceci n’est pas mon gouvernement ».

Le discours radical du Vlaams Belang entraînera-t-il la N-VA dans son sillage ou celle-ci se démarquera-t-elle précisément en menant une opposition responsable ? Theo Francken (N-VA) a déjà mis en garde contre le risque d’une majorité noire-jaune en 2024 : le défi de la Vivaldi sera de se serrer les coudes pour éviter cette menace annoncée.

https://twitter.com/MINETCHERI1/status/1310243060509442048✏️ Marie de Maz. 🌍https://twitter.com/MINETCHERI1

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Du côté francophone, si le PTB n’a pas encore fait descendre les siens dans la rue, il n’en exprime pas moins partout où il le peut qu’il sera la seule « véritable opposition du peuple » à la coalition qui s’apprête à voir le jour. « ‘Basta’, disent les gens, et ils ont raison, écrivait Raoul Hedebouw, porte-parole du parti d’extrême gauche, dans une carte blanche ce week-end. Nous sommes prêts pour une opposition de gauche. Une opposition sociale et combative. Contre un gouvernement Vivaldi qui recycle les politiques de la Suédoise pourtant sanctionnée par les électeurs. Et pour s’opposer au bloc de droite, de la haine et de la division que forment la N-VA et le VB. »

La Vivaldi doit faire oublier ces prochains jours les germes de division qui l’ont pratiquement mise par terre, la semaine dernière. Avant de porter son projet durant quatre ans, prise en tenailles entre les extrémismes. C’est peu dire que la majorité devra être forte, cohérente et solidaire.

Car elle constitue le dernier barrage avant que les extrémistes ne bloquent le pays en 2024.

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