Joachim Coens, président du CD&V, lors du congrès de son parti. © Belga

La Vivaldi fédérale se meurt-elle avec le CD&V malade et ses tensions entre partenaires?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les sociaux-chrétiens constituent plus que jamais le maillon faible de la majorité fédérale. Mais au-delà se pose cette question: le projet de cette coalition est-il lisible contre le nationalisme flamand?

L’épreuve de vérité débute pour la Vivaldi fédérale (socialistes, libéraux, écologistes et CD&V), après que toutes ses énergies se soient centrées sur la crise du Covid. Or, cette majorité, qui a vu le jour l’automne dernier pour gérer l’urgence mais aussi développer un « projet positif pour la Belgique », prend l’eau du côté flamand et se cabre sur des tensions internes du côté francophone.

Le maillon faible du gouvernement De Croo semble plus que jamais être le CD&V. Le parti de Joachim Coens se retrouvait à un 10% historiquement bas dans le dernier baromètre politique d’Ipsos, voici dix jours. Ce week-end, lors d’un congrès statutaire, il a tenté de resserrer les rangs, mais en n’adoptant finalement que quelques demi-mesures accentuant la démocratie interne. Un autre congrès, sur le fond, sera organisé à la fin de l’année.

Certains, dans la presse flamande, posent judicieusement la question de savoir si le vrai problème du CD&V n’est pas, en réalité, de savoir si la Vivaldi est encore capable d’élaborer un projet électoralement rentable.

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Le CD&V tremble sur ses bases historiques

Les sociaux-chrétiens peinent à marquer de leur empreinte le gouvernement De Croo. Si la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, crève l’écran, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, et le secrétaire d’Etat à l’Asile, Sammy Mahdi, n’ont pas encore imposé leur marque dans des domaines sensibles au Nord du pays. La proposition du dernier nommé de réveiller l’idée de « visites à domicile » pour les sans-papiers récalcitrants, fin de semaine dernière, était étrange et a été recalée immédiatement du côté francophone.

Mathématiquement, le CD&V n’est pas indispensable au sein de la Vivaldi et n’est présent, en réalité, qu’à la demande de libéraux soucieux de ne pas avoir un arc-en-ciel trop à gauche. Gace à l’artillerie lourde de la N-VA, son ancien partenaire de cartel, et du Vlaams Belang, son positionnement ne pèse pas lourd au nord du pays. Rappelons aussi que de nombreux bourgmestres CD&V n’étaient pas chauds à l’idée de gouverner sans la N-VA et que nombre d’entre eux annoncent déjà qu’ils ne se présenteront plus aux communales sous l’étiquette du parti… Le parti tremble sur ses bases historiques.

Le projet de la Vivaldi menacé?

L’interview donnée par Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, samedi au soir, était imprégné par cette fragilité du côté flamand, mâtinée d’une mise en garde à l’égard des libéraux, qui ont défié le Premier ministre sur les signes convictionnels. « C’est mettre le Premier ministre en difficulté face aux nationalistes et aux séparatistes, disait le leader écologiste. Alors que toute la logique de la Vivaldi, c’est justement l’inverse, c’est de renforcer les partis flamands qui ont fait le choix d’aller au gouvernement. » Pour l’instant, seul Vooruit, nouveau nom du parti socialiste flamand, tire légèrement son épingle du jeu au Nord grâce à la présidence du jeune feu-follet Conner Rousseau.

Les tensions récurrentes entre les coprésidents d’Ecolo et leur homologue libéral rythment le projet fédéral depuis le début, alors que leur lune de miel de l’été avait pourtant été à l’origine de sa naissance, face à la menace de division incarnée par le dialogue entre PS et N-VA. Le MR se sent en permanence contraint de se positionner dans cette coalition au sein de laquelle, idéologiquement, il est moins à l’aise que dans la Suédoise de Charles Michel, bien plus à droite. Certes, il entretient un lien étroit avec son homologue flamand de l’Open VLD, célébré encore lors du 175e anniversaire du parti, ce lundi matin, mais cela a ses limites: Egbert Lachaert, président libéral flamand, a exprimé des réserves au sujet de la position tranchée du MR sur les signes convictionnels. Sur le mode: « les temps ont changé ».

Au milieu de tout cela, le PS se cherche, fragilisé par la progression constante du PTB et son travail de sape, sur son extrême gauche.

D’ici la rentrée, en espérant l’urgence Covid passée, la Vivaldi aura pour mission de reconstruire ce discours qui l’unissait face au nationalisme flamand. Avant tout pour éviter que son aile flamande ne sombre corps et âme.

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