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La vie après le coronavirus: favoriser une mobilité douce, une nécessité

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

La crise sanitaire va-t-elle durablement modifier nos habitudes de déplacement ? Elle fait surtout prendre conscience de la nécessité de rééquilibrer l’espace urbain.

Ne dira-t-on plus, à l’avenir,  » métro, boulot, dodo « , mais  » auto, boulot, dodo  » ? Ou  » vélo, boulot, dodo  » ? Depuis le début de la pandémie, la peur d’être infecté et les contraintes sanitaires incitent à délaisser les transports collectifs si l’on dispose d’autres solutions de déplacement. D’autant que les mesures de distanciation physique vont réduire durablement la capacité de transport des trains, métros, trams et bus. Brieuc de Meeûs, patron de la Stib, ne s’attend pas à ce que les transports publics bruxellois retrouvent leur courbe de croissance avant  » un an ou deux « .  » Les transports en commun finiront par se relever, estime Xavier Tackoen, du bureau d’études Espaces- Mobilités. C’est un moyen de déplacement vertueux, dont on aura toujours besoin. Mais il est nettement moins résilient que le vélo, car très sensible aux crises de toutes sortes : virus, attentat terroriste, grève du personnel (NDLR: ainsi, le 11 mai, la situation était perturbée sur le réseau suite à une action menée par certains chauffeurs) ou blackout électrique.  »

Les transports publics sont sensibles aux crises de toutes sortes.

Faut-il s’attendre à un retour gagnant de la voiture individuelle, perçue comme un cocon protecteur contre le Covid- 19 ? En Chine, la population sortie de confinement a tendance à privilégier la voiture personnelle au détriment des transports en commun et des taxis. En Belgique aussi, un retour en force de l’automobile se profile et pourrait s’accentuer quand le chômage partiel et le télétravail seront moins massifs. Cette perspective inquiète les défenseurs de l’environnement et compromet les efforts des pouvoirs publics visant à limiter la pression auto- mobile et ses nuisances (pollution, bruit, insécurité routière…). D’où les mesures prises pour encourager la marche et le vélo. Bruxelles, Liège et Verviers ont prévu des aménagements  » temporaires  » qui, s’ils sont pérennisés, devraient booster la pratique cycliste.  » A Bruxelles, la crise sanitaire a permis d’aligner les astres, remarque Mathieu Strale (ULB), spécialiste de la mobilité : les projets de pistes cyclables déjà planifiés sont accélérés. Sans oublier que, le 8 mai, le territoire circonscrit par la Petite ceinture est devenu une zone 20.  »

Selon une enquête réalisée ces jours-ci par l’asbl Maestromobile, une personne interrogée sur trois affirme qu’elle prendra moins les transports publics, vu les contraintes sanitaires et l’offre réduite, et une même proportion assure qu’elle utilisera plus le vélo ou la trottinette, qui permettent de mieux respecter les règles de distanciation sociale.  » Le déploiement de la mobilité partagée est toutefois remis en cause, souligne Mathieu Strale : la plupart des opérateurs privés de voitures, scooters, vélos et trottinettes électriques auront du mal à redémarrer.  »

 » Cette crise sanitaire aura surtout été un laboratoire urbain, constate Xavier Tacoen. Pour une fois, ce ne sont pas des études et des données statistiques qui prouvent que l’espace public est inadapté et doit être rééquilibré, mais le vécu des habitants. Les mesures de distanciation sociale, avec formation de files devant les commerces et marcheurs qui doivent descendre du trottoir pour les éviter, ont mis en évidence l’emprise de la voiture et surtout du stationnement automobile sur l’espace urbain, et la nécessité d’élargir ces trottoirs et de favoriser la mobilité douce.  »

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