Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens : les distributeurs de sextoys et de tampons

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

A Arlon, pendant qu’une étudiante se bat pour installer dans son école des distributeurs de protections périodiques gratuites, en Allemagne, sur des aires d’autoroute, des distributeurs proposent des minivibromasseurs. Sérieux, qui a bien pu inventer ça ?

Ça arrive, de tomber à court. C’est comme tirer le dernier carré de papier toilette après la grosse commission. Ou verser trois gouttes de lait dans ses céréales en ignorant qu’il s’agissait de la dernière bouteille. C’est pas de chance. C’est râlant. Et, lorsqu’il s’agit de se retrouver en pénurie de protections périodiques, c’est en plus potentiellement tachant. C’est arrivé cet été, sur le chemin des vacances (parce que les Anglais débarquent toujours pendant les holidays, les salauds). Première station-service: pas l’ombre d’un tampon en rayon. Idem dans la deuxième. L’espoir renaît dans la troisième, à la vue d’un distributeur dans les toilettes. De serviettes? En fait, non. De… minivibromasseurs.

Sans déconner. Donc, quelqu’un, un jour, quelque part, a pensé qu’il était plus pertinent de proposer des vibros à vendre dans les waters d’une aire d’autoroute allemande qu’une boîte de protections périodiques. Alors vive la sexualité libérée, l’autonomie du plaisir féminin, la jouissance, tout ça tout ça. Mais il est absolument certain que ce quelqu’un n’a jamais vécu la crainte de retrouver une tache rouge dans le fond de sa culotte.

C’était la crainte d’une jeune fille, récemment, dans la cour de l’école secondaire Notre-Dame d’Arlon. Elle était tombée à court, comme ça arrive à tout le monde, alors elle passait d’amies en copines pour demander si, par hasard, quelqu’une ne pourrait pas la dépanner. Elle devait se sentir gênée, honteuse peut-être, comme quand un collègue avait posé, bien en vue sur le bureau, un tampon (emballé, pas de stress) échappé d’un sac et qu’il avait trôné là trois semaines, le temps de revenir de congé. Etrange, tout de même, de se sentir embarrassée d’être sue menstruée alors que la menstruation des femmes n’est finalement pas un secret.

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Dans cette cour, à Arlon, Elena Vlasselaer observait cette élève en détresse avec d’autant plus de regrets qu’elle avait lancé un projet pour précisément éviter cette situation. Elle avait été voir sa directrice pour la convaincre d’installer des distributeurs de protections hygiéniques dans les toilettes et, pour être certaine de ne pas essuyer un refus d’ordre financier, elle avait imaginé un système où les jeunes filles rempliraient elles-mêmes ces boîtes destinées à celles qui avaient oublié leur tampon ou qui n’avaient pas les moyens de s’en acheter.

La direction avait accepté, les distributeurs avaient été placés, mais ça n’avait pas fonctionné. Ou plutôt si, trop bien. Ils étaient tout le temps vides, parce que toutes allègrement se servaient, pensant que c’était l’école qui allongeait, et la générosité de celles qui remplissaient n’était pas non plus illimitée. Mais l’histoire reste belle, car dans le journal de l’école, un professeur a lu l’initiative d’Elena Vlasselaer et a entrepris de l’aider. Ensemble, ils cherchent désormais des sources de financement ou de subsides pour relancer durablement le projet. Ce professeur, accessoirement et sans forfanterie, est un lecteur de la présente chronique. Avec laquelle il n’est « pas toujours d’accord » mais qui le pousse souvent à « réfléchir » (oh joie! oh bonheur! )

Elena Vlasselaer, elle, a 16 ans. Elle avait aussi demandé à sa directrice d’organiser de véritables cours d’éducation sexuelle mais ça, c’est une autre histoire. Elle se bat comme ça, pas parce que ses parents la poussent ni ses amis, juste « parce que c’est en elle ». Et ça fait penser à ce que Caroline De Haas (cofondatrice de #NousToutes) disait récemment: « La joie, elle est dans les petites meufs, pardonnez-moi l’expression. Celles qui arrivent avec les yeux qui pétillent, la dalle de changer le monde. Ces jeunes filles sont incroyables. »

La phrase

« Moi, je veux pas qu’on me dise « Gauguin a mis enceinte une gamine de 14 ans lorsqu’il était en Polynésie, on va décrocher [ses] chefs-d’oeuvre ». Il se trouve en plus que c’est sa période [artistique] la plus extraordinaire. »

Nicolas Sarkozy, le 5 octobre dernier, sur France 5 dans l’émission C à vous. Fermons les yeux sur la pédocriminalité, tant que ça permet de peindre de beaux tableaux?

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« likes » (au moment de rédiger ces lignes): tel est le nombre de réactions suscitées par le message posté par Jeny Bonsenge sur Instagram, le 4 octobre. La danseuse bruxelloise a diffusé une photo de son visage, l’oeil gauche tuméfié, et a révélé être victime de violences conjugales. « Je n’ai plus peur de parler, avait-elle écrit. Le coup que j’ai reçu, c’était le dernier. » Son ex-conjoint a affirmé n’avoir jamais levé la main sur elle, mais que cette blessure était due à la chute d’un stabilisateur de vidéo sur son oeil, lors d’une dispute. Le parquet de Bruxelles a ouvert une enquête.

Au Texas, les IVG peuvent reprendre

Le 1er septembre, une loi interdisant l’avortement au-delà de… six semaines de grossesse entrait en vigueur au Texas. Face à cette régression du droit à disposer de son corps, le gouvernement de Joe Biden avait introduit une plainte contre ce texte. Un juge vient de lui donner raison. « Cette cour ne permettra pas que cette privation choquante d’un droit aussi important se poursuive un jour de plus », a-t-il écrit dans sa décision. Le Texas peut toujours faire appel mais, en attendant, cette loi anti-IVG n’est plus d’application..

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