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La fin du redoublement scolaire ?

A l’occasion de la rentrée scolaire Simonet et Demotte s’attaquent au redoublement scolaire et le font savoir dans plusieurs médias. Tous deux assurent qu’il ne s’agit nullement de baisser le niveau pour que tout le monde réussisse et veulent agir dans le cadre budgétaire actuel.

La ministre de l’Enseignement obligatoire Marie-Dominique Simonet annonce un projet pilote destiné à éliminer progressivement le redoublement pour les élèves âgés de 5 à 8 ans. Son plan prévoit un ensemble de mesures d’incitation: autonomie et responsabilisation des équipes pédagogiques, utilisation des moyens dégagés par l’abandon du redoublement au profit de l’encadrement, recours à des personnes ressources extérieures, etc… Le projet pilote commencerait à la rentrée 2012 dans les écoles qui le souhaitent et serait ensuite évalué et étendu à d’autres cycles en septembre 2013. Elle reconnaît toutefois que le redoublement garde de nombreux partisans dans le monde de l’éducation

Quant au ministre-président Rudy Demotte, il propose de mettre en place dans le même but une remédiation immédiate pour les « 5 à 14 ans ». Il propose également de faire glisser le « pot » budgétaire « redoublement » vers le pot « encadrement » au profit de la remédiation et de mettre en place rapidement une concertation entre gouvernement, syndicats, pouvoirs organisateurs et associations de parents pour concrétiser le plan. M. Demotte relève lui aussi que les pays obtenant les meilleurs résultats en matière d’enseignement ne pratiquent pas le redoublement mais que certains parents et enseignants sont toujours réticents à abandonner sa pratique.

Redoublement : l’inefficacité d’un remède très francophone

Suite à une enquête et des nouvelles livraisons des indicateurs de l’Enseignement, nous abordions déjà au mois de mars dans le vif.be l’indécrottable plaie francophone qu’est le redoublement.

Les accidents scolaires restent préoccupants en Communauté française. Plus de la moitié des élèves de 6e secondaire ont redoublé au moins une fois. Rien qu’au primaire ils sont 20 %. Un record parmi les pays de l’OCDE, alors même que, selon l’enquête Pisa qui mesure les performances des élèves de 15 ans, les systèmes scolaires qui s’en sortent le mieux ont banni le redoublement. « Tout simplement, parce que cette pratique ne fonctionne pas », déclare Ariane Baye, chercheuse à l’Unité d’analyse des systèmes et des pratiques d’enseignement (ULg). Et ce pour plusieurs raisons :

Il est toxique : Le redoublement ne permet pas à l’élève de repartir du bon pied et plus il est pratiqué tôt plus il se révèle toxique. « En fait, les enseignants ne modifient pas leurs pratiques pédagogiques. Et l’enfant qui redouble va connaître les mêmes embûches au même moment, entraînant chez lui un effet démobilisateur » pointe la chercheuse en sciences de l’éducation.

Il stigmatise : Et ce, parce que le redoublement colle une étiquette qui peut être défavorable lors des conseils de classe mais aussi envers les élèves eux-mêmes et leurs familles, qui se sentent stigmatisés par le redoublement et révisent leurs ambitions.

Il est très cher : Le redoublement coûte autour de 369 millions d’euros par an, 51 millions d’euros au primaire, 318 millions au secondaire. C’est-à-dire 6 % du budget que la Communauté française consacre à l’école.

Souvent le seul remède

Jusqu’à présent il est pourtant souvent le seul remède, faute de mesures alternatives. Sans l’interdire, les ministres s’emploient, depuis vingt ans, à favoriser « la fluidité des parcours ». Au primaire comme au secondaire, ils ont ainsi tenté de casser les rythmes annuels en instaurant des « cycles » de deux ans. Problème ? Les enseignants voient parfois dans cette politique une simple mesure d’économie budgétaire, et trouvent des échappatoires. Car, sur le terrain, les enseignants sont divisés sur la question. Surtout, ils sont démunis face aux élèves fragiles et n’ont pas été formés à les prendre en charge. Et faute de disposer de solutions d’accompagnement pour ces élèves, ils continuent à opter pour le redoublement. « C’est une des grandes faiblesses de notre système scolaire : il ne sait pas suffisamment aider les élèves en difficulté. En primaire, la remédiation est clairement insuffisante. En secondaire, on se contente de proposer des cours de rattrapage, certes par petits groupes, mais tous les élèves n’affichent pas les mêmes difficultés. En clair, l’école n’offre pas une remédiation car, pour être efficace, elle doit intervenir rapidement et cibler des difficultés précises », reconnaît la chercheuse Ariane Baye. Pour lire cet article en entier cliquez ici

Le Vif.be, SORAYA GHALI et Belga

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