Manifestation de la FGTB, le 1er mai. © Belga

La FGTB, divisée, sauve l’accord social, mais pourrait générer des tensions politiques

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La FGTB a été malmenée par l’accord social, avec le « oui » flamand et le « non » wallon, en plus d’un décompte des voix erroné. Mais elle prépare son prochain combat. Le reflet d’une gauche francophone qui cherche à se réinventer, sous pression du PTB.

« Ce qui se passe témoigne du malaise qui prévaut à la FGTB, profondément divisée, à l’image du PS. » La confidence n’émane pas d’une « langue de vipère » libérale, mais bien du responsable d’un autre pilier socialiste, effaré de voir la séquence des événements, depuis mardi.

Dans un premier temps, la FGTB a donné son feu vert à l’accord social. De justesse. Le résultat dévoilé était modeste: le oui (49,06 %) l’a emporté sur le non (49,01 %), tandis que le vote était plus largement favorable à la CSC et à la CGSLB. Le soulagement était toutefois de mise, tant le risque était réel que l’accord soit rejeté.

Après deux jours d’incertitude suite à un décompte erroné des voix, elle a maintenu son soutien à l’accord. Mais prépare son prochain combat.

La « question royale des syndicats »

Après le vote, certains, dont l’ancien président Robert Vertenueil, ont rapidement dénoncé qu’il avait été acquis grâce à la majorité en Flandre, sur le dos des militants wallons. « La vérité, soulignait Vertenueil sur les résaux sociaux, c’est que les Wallons doivnet une fois de plus se coucher face aux Flamands, même si’il y a eu aussi des oppositions en Flandre. En Wallonie, au sein de la FGTB, le rehet était de 80%. Cette majorité là a été bafouée. »

Plus précisément, 84% des Wallons auraient voté contre l’accord, tandis que 72% des Flamands le soutenaient et… 63% des Bruxellois.

En Flandre, un Ivan De Vadder (VRT) évoquait « la question royale des syndicats ».

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Ensuite, le malaise s’est aggravé en raison d’une erreur de calcul et un nouveau bureau a été convoqué d’urgence ce jeudi après-midi. Selon La Dernière Heure, des voix l’Interrégionale wallonne, arrivées tardivement, avaient été comptabilisées parmi les abstentions alors qu’elles avaient été portées sur le rejet de l’accord. Moins de 4.000 voix sur un total de 2.273.638 bulletins. Un nombre a priori « ridicule », mais susceptible de faire basculer la balance de l’autre côté, l’écart entre le « oui » et le « non » n’étant que de 1.069 voix.

Après de longues discussions, l’le soutien à l’accord a été maintenu en ne tenant pas compte des voix tardives.

La séquence démontre aussi, et surtout, combien la FGTB est déchirée à l’échelle nationale entre ses ailes flamande et wallonne. Ce n’est pas foncièrement nouveau, mais le rapprochement de certains membres du syndicat avec le PTB, ces dernières années, suscite de l’inquiétude.

En toile de fond, le syndicat se pose des questions sur son avenir dans une société en mutation accélérée. C’est, finalement, le même défi que celui auquel est confronté son parti frère, le PS, en perte de vitesse dans les deux Régions francophones et malmené par le PTB. Dans les conflits et les tensions sociales, c’est une lutte interne à la gauche qui s’exprime depuis quelques années.

Divisée, la FGTB pourrait de la sorte entraîner potentiellement les majorités politiques, singulièrement le gouvernement De Croo, dont le PS fait partie dans de nouvelles aventures.

Son prochain combat est d’ailleurs de nature à provoquer des tensions entre socialistes et libéraux au fédéral: « La Loi de 1996 (revue en 2017), qui fixe cette marge, demeure un obstacle à la liberté de négocier la juste part des travailleurs et travailleuses, soulignait son communiqu’ d’approbation de l’accord. La FGTB en fera un cheval de bataille dans les prochains mois. Nous voulons une révision fondamentale de cette loi à court terme. »

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