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La facture corona: au moins 100 millions pour les villes et les Communes

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Tenus à l’écart des grandes décisions mais en première ligne pour les faire appliquer, les pouvoirs locaux ont trinqué à cause du coronavirus. Et 2021 et 2022 s’annoncent déjà douloureuses.

Ils ont pesté, les bourgmestres. Comme l’impression d’être les oubliés de la prise de décisions. Fermez tout, que le fédéral et les Régions disaient ! Distribuez des masques ! Accueillez les gens au CPAS ! Subissez les (probables) faillites ! Mobilisez vos polices ! Empêchez les promeneurs de s’asseoir sur les bancs ! Puis encaissez les conséquences financières, svp. Combien ? Difficile à estimer, les comptes 2020 devant encore être bouclés. Pour les entités wallonnes, la banque Belfius a estimé une détérioration du solde budgétaire de l’ordre de 45 à 166 millions.

Crainte du pire

Quarante-cinq ? Cela semble peu.  » On sera sans doute plus autour des cent millions « , table Christophe Collignon, ministre wallon des Pouvoirs locaux (PS). D’autant que cette étude date de juin ; il en a coulé, du reconfinement, depuis. Les coups de sonde passés auprès des grandes villes font effectivement craindre pire : 8 millions pour Namur (rien que pour la première vague), 10,7 millions pour Liège, 25 millions pour Charleroi… Du côté de la Ville de Bruxelles, il y en a eu pour 7,36 millions de dépenses et – 14,4 millions de recettes.

Rien que la baisse du stationnement liée aux confinements et aux fermetures des commerces s’est fait salement ressentir. Les horodateurs ont ainsi rapporté 3 millions d’euros en moins à Liège et 1,5 à Charleroi, pour ne citer que deux exemples. Sans oublier toutes les taxes qui seront au mieux reportées, au pire perdues (force motrice, terrasses, débits de boisson, occupation du domaine public…) Et les dépenses, engendrées par l’achat de matériel de protection, le nettoyage accru des écoles, les dotations supplémentaires aux CPAS, le maintien des salaires des contractuels ne pouvant télétravailler… Si les économies ont existé, elles ont été maigres, liées à l’annulation d’événements, aux moindres frais de fonctionnement de l’administration qui a tourné au ralenti, voire à la fermeture de certaines infrastructures (comme les piscines).

Le coronavirus n’est que la pointe émergée de difficultés structurelles de financement.

Exceptionnellement, en 2020, les communes ont été autorisées à présenter des budgets en déséquilibre (jusqu’à 3 %).  » Pour elles, le coronavirus n’est que la pointe émergée de difficultés structurelles de financement, pointe Christophe Collignon. Ces dernières années, leurs charges n’ont fait qu’augmenter, que ce soit pour les CPAS, les zones de police et de secours, les pensions, les effets du tax shift.  »

Le ministre annonce travailler sur un plan d’aide structurel, mêlant entre autres des réorganisations avec les provinces et la supracommunalité, faute de pouvoir obliger les communes à fusionner. Il faudra bien ça : budgétairement parlant, 2021 et 2022 s’annoncent déplorables, puisque les entités subiront alors la baisse de l’impôt des personnes physiques (IPP), leur principale source de revenus. Le pire est à venir.

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