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La délicate question du suicide en Flandre

Une scène de suicide dans une série émeut la classe politique flamande. Il est vrai que le sujet est sensible de l’autre côté de la barrière linguistique.

Le ministre flamand du Bien-Être Jo Vandeurzen se montre particulièrement critique à l’égard de la scène finale de la dernière saison de la série populaire flamande « Thuis » (sur la chaîne publique ÉÉn, VRT) au cours de laquelle un des personnages se donne la mort. La Flandre se veut particulièrement attentive à la médiatisation du suicide. Les journalistes qui abordent la question sont invités à communiquer le numéro d’appel pour les personnes en détresse; un canevas est prévu pour le secteur socio-culturel invité à une certaine vigilance.

Les réalisateurs de la série Thuis ont appelé pour avis le groupe de travail et le centre d’expertise ad hoc, a relevé le ministre CD&V dans une réponse à une question écrite du député flamand Piet De Bruyn (N-VA). Le numéro de la ligne flamande de la prévention du suicide a été communiqué « mais les images étaient explicites et dérangeantes », selon le ministre flamand. Dans l’heure qui a suivi la fin de la diffusion du programme télévisé, il y a eu sept fois plus d’appel sur la ligne anti-suicide 1813 que la semaine précédente. « De nombreux appels faisaient référence à l’émission. Les appelants évoquaient un lien entre la méthode explicitement détaillée à l’image et la douleur du souvenir de la perte d’un être cher ou avec leurs propres pensées suicidaires. Un constat similaire avait été observé dans la foulée du décès du ministre d’Etat Steve Stevaert », largement médiatisé, a expliqué Jo Vandeurzen. Le ministre se penchera avec le groupe de travail « Verder », qui regroupe des proches de suicidés, et avec le centre d’expertise VLESP sur l’application des directives médias sur le suicide auprès des maisons de production et des réalisateurs de programmes de fiction. Ces directives avertissent notamment les journalistes que les informations publiées sur le suicide peuvent entraîner des comportements suicidaires auprès de certaines personnes. Les journalistes sont dès lors invités à communiquer, le cas échéant, le numéro 1813 (en Belgique francophone, le numéro du centre de prévention est le 0800/32123, Ndlr). Il leur est demandé de ne pas évoquer le suicide dans un contexte sensationnaliste, ne pas user de trop de détails sur les circonstances de l’acte et de respecter les proches. Evoquant la série ‘Thuis », Jo Vandeurzen est d’avis que le cas qu’elle soulève à ses yeux est loin d’être isolé. « Nous constatons que de plus en plus de médias communiquent le numéro 1813, mais en profitent pour se répandre sur le sujet. La communication du numéro ne peut en aucun cas servir d’excuse à une recension sensationnaliste du suicide », avertit Jo Vandeurzen. Il entend se concerter avec son collègue flamand des Médias, le ministre Open Vld Sven Gatz, afin de réinsister sur le respect des directives flamandes et éviter que le numéro 1813 soit renseigné de façon dévoyée.

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