Rachida Lamrabet © Johan Jacobs

« L’interdiction de la burqa est une infraction grave à la liberté des femmes »

Unia, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances, a décidé de mettre fin à sa collaboration avec la juriste Rachida Lamrabet, qui s’était fait remarquer dans les médias flamands par ses propos sur l’interdiction de la burqa, annonce l’instance dimanche soir dans un communiqué.

Dans un entretien paru dans l’hebdomadaire flamand Knack au cours du mois de mars, la juriste travaillant pour Unia avait indiqué ne pas être « pour la burqa », mais ne pas non plus être en faveur d’une interdiction de ce voile intégral, « particulièrement dans un pays qui attache beaucoup d’importance aux droits de l’homme ».

Ces propos avaient été relevés par la nouvelle secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances, la N-VA Zuhal Demir, qui a souhaité qu’Unia prenne ouvertement ses distances avec les paroles de son employée. Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances avait dans un premier temps rétorqué que Rachida Lamrabet s’était exprimée à titre purement personnel.

« Le processus de ‘dévoilement’ est en cours depuis dix ans. C’est une infraction grave à la liberté et à la vie privée des femmes. Une femme en burqa signale que son corps est privé et qu’elle souhaite rester invisible au monde extérieur. Mais ce désir agace le monde extérieur : on ne se protège pas ainsi. On veut tout voir, savoir et tout sonder. On ne peut plus avoir de secrets. En Belgique, c’est même prévu par loi puisque le port de la burqa est interdit. À cet égard, l’interdiction s’inscrit dans un mouvement plus large : les états, les entreprises, les réseaux sociaux et internet restreignent tous le droit à la vie privée. Aujourd’hui, on montre tout. Et pourtant, cela ne semble pas inquiéter beaucoup de gens » avait déclaré Rachida Lamrabet à nos confrères de Knack.

La liberté s’exprime de différentes façons

Interrogée sur le caractère misogyne de la burqa, la juriste avait répondu : « Cette question témoigne d’un regard paternaliste : ‘Nous devons libérer ces pauvres femmes opprimées par leurs hommes et la religion de leur voile !’ Elles doivent devenir comme les femmes occidentales, et tout ira bien. C’est absurde. La liberté s’exprime de différentes façons. Y compris en choisissant délibérément de ne pas se montrer ».

« Ces femmes ne veulent pas participer à la société. Elles sont souvent puritaines et fondamentalistes. Elles éprouvent peu d’intérêt pour cette vie, elles vivent pour l’au-delà. Il faut respecter cette conviction, tant qu’elle ne compromet pas les libertés des autres. Et je sais : c’est choquant, une burqa. Moi aussi, je trouve que c’est désagréable à regarder. (…) Je ne suis pas pour la burqa, mais pas non plus en faveur d’une interdiction, particulièrement dans un pays qui attache beaucoup d’importance aux droits de l’homme.

« L’interview publiée dans Knack a mené à un entretien » avec la principale intéressée, précise Unia dimanche. « A cette occasion, d’autres éléments sont apparus, qui ont entraîné cette rupture de confiance. (…) Les deux parties ont convenu de ne pas communiquer davantage à ce sujet ».

Unia souligne encore que le travail artistique de sa collaboratrice, qui est aussi auteure, n’a joué aucun rôle dans la décision de s’en séparer. « Bien que cela n’était pas toujours facile, il y a toujours eu jusqu’ici un équilibre entre la liberté artistique de Rachida Lamrabet et sa fonction de chargée de mission chez Unia », indique l’organisation.

Le licenciement de Rachida Lamrabet suscite l’émoi sur les réseaux sociaux en Flandre. Rik Van Cauwelaert, commentateur pour le quotidien financier De Tijd, critique la décision de la directrice d’Unia Els Keytsman. Il compare la décision de renvoyer Lamrabet à celle de la fonctionnaire en charge de la diversité Alona Lyubayeva, vilipendée par la ministre flamande à l’Égalité des Chances Homans (N-VA).

« Manifestement, Els Keytsman (la directrice d’Unia, NDLR) se prend pour Liesbeth Homans? » écrit-il sur Twitter avant d’ajouter quelques minutes plus tard : « En tant que responsable Els Keytsman aurait dû sauver la face et démissionner. Sous sa gestion, Unia s’est transformé en pagaille ».

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Le chroniqueur et activiste Dyab Abou Jahjah rappelle qu’après l’interview de Lambaret parue dans Knack, l’organisation Unia a été vivement critiquée par la Secrétaire d’État à l’Égalité des Chances Zuhal Demir (N-VA): « N-VA licencie Rachida Lamrabet d’Unia. C’est la simple vérité. La énième privation de gagne-pais par la pensée de police. Supprimez Unia. »

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La secrétaire d’État Zuhal Demir affirme qu’elle n’a jamais demandé le licenciement de Rachida Lambaret et que c’est la direction d’Unia qui a décidé de se séparer de la juriste.

(Belga/CB)

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