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L’arte povera de Kounellis

Sur un écran, l’image laisse apparaître une composition géométrique très simple. Un fond de couleur vive structuré par un « H » grisâtre dont l’élément horizontal est lui-même traversé par une bande plus sombre. La mention de la dimension de cette pièce, deux mètres en hauteur, signée par un des ténors de l’arte povera, Yannis Kounellis, corrige cette impression et attise le regard.

En effet, au centre, ce n’est rien moins qu’une poutrelle métallique en « U » qui a été fixée. Le côté monumental associé à la texture et au poids de cet élément industriel nous ramène au caractère expressif non seulement d’une forme, d’un volume mais d’une réalité liée au monde ouvrier de la sidérurgie. Dans le vaste espace de la galerie Almine Rech, d’autres tableaux-relief de ce type entoure une sculpture de charbon. Dans une autre salle, Kounellis entoure des fragments de ces mêmes poutrelles de fins cordages construisant une suite de calligraphies dont le pouvoir visuel n’est pas sans évoquer les gestualités d’un Franz Kline. S’il est ici question d’affirmer une présence, un poids, voire une odeur et dès lors à avoir, comme le confiait l’artiste, une vraie relation avec le monde », l’absolue frontalité est aussi enrichie et nuancée par l’épiderme rugueux de l’acier d’une part, par le traitement matiériste de la peinture dans le fond, nous rappelle que Kounellis est aussi peintre dans l’âme.

Guy Gilsoul

Bruxelles, Galerie Almine Rech. 20, rue de l’abbaye. Jusqu’au 19 avril. www.alminerech.com

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