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« Je ne me laisserai pas intimider par le chantage de la N-VA »

« Je ne me laisserai pas intimider par le chantage de la N-VA à propos du vote du budget », a affirmé lundi le Premier ministre Charles Michel.

« Le budget a été approuvé en commission et soutenu par le ministre des Finances » en fonction au moment des discussions – le N-VA Johan Van Overtveldt -, a-t-il rappelé, ajoutant « qu’aucun euro n’a changé » par rapport au projet.

« La N-VA conditionne son vote soit à l’acceptation d’élections anticipées et donc à une longue période d’immobilisme, soit à la fuite en avant confédérale. Dans les deux cas, ses conditions sont inacceptables », a encore affirmé le Premier ministre.

« Le gouvernement poursuit le travail afin de garantir les intérêts des citoyens, plus spécifiquement sur le pouvoir d’achat, la sécurité et les enjeux climatiques », a-t-il conclu.

A son arrivée au comité ministériel restreint, le vice-premier ministre CD&V Kris Peeters s’est également dit courroucé par les exigences que la N-VA a entre-temps fait connaître dans les médias. « Si la N-VA demande des élections anticipées, qu’elle le dise clairement, mais alors elle aura besoin du PS », a précisé M. Peeters même si la convocation d’élections anticipées appartiendrait au gouvernement minoritaire.

Selon le Tijd, la N-VA exige du gouvernement Michel II que la Constitution puisse être révisée lors de la prochaine législature pour dégager la voie vers le confédéralisme, que la trajectoire budgétaire soit confortée jusque 2019, les adaptations éventuelles ne pouvant consister en de nouvelle recettes (une manière d’éviter des cadeaux pré-électoraux), que le jobsdeal soit réalisé moyennant l’ajout du projet qu’était censé préparer le ministre de l’Emploi Kris Peeters pour accroître la dégressivité des allocations de chômage, et qu’il soit tenu compte des exigences nationalistes sur le pacte de l’Onu sur les migrations, même si la N-VA ne réitère pas sa demande d’une abstention à New York.

Charles Michel informe lundi après-midi le comité ministériel restreint des contacts qu’il a eus durant le week-end pour sortir de l’impasse politique. Le Premier ministre a eu un contact durant le week-end avec la N-VA. Il n’a plus eu de contact ce week-end avec les socialistes, les écologistes, le cdH ou DéFI, a-t-on appris.

Le parlement attend du gouvernement minoritaire qu’il pose la question de confiance d’ici demain mardi au plus tard. Le gouvernement Michel s’y refuse, répliquant que le parlement peut voter une motion de méfiance à son égard. Le budget de la coalition suédoise est à l’ordre du jour de la séance plénière de la Chambre mercredi et jeudi.

L’article 195 de la Constitution, héritage de la Suédoise, affirme Peter De Roover (N-VA)

Affirmer que les conditions de la N-VA relèvent du chantage revient à quitter la trajectoire de la Suédoise, a répliqué lundi le chef de groupe à la Chambre Peter De Roover aux propos du Premier ministre Charles Michel. Ces conditions sont dans la droite ligne de « l’héritage suédois », y compris celles qui ont trait à l’ouverture à révision de l’article 195, qui permet de réviser l’ensemble de la Constitution.

« Le gouvernement suédois s’est arrêté mais nous avons toujours dit que nous souhaitions préserver l’héritage suédois », a dit M. De Roover. « Si j’entends à présent qu’on parle de chantage, je constate que l’on met fin à l’héritage suédois et j’observe que ce gouvernement a décidé de prendre une nouvelle direction », a-t-il poursuivi.

« Si la N-VA avait émis des conditions hors de proportion, j’aurais encore pu comprendre », a-t-il dit. Mais, a ajouté Peter De Roover, le budget et la réalisation de l’accord de l’été, avec la dégressivité accrue des allocations de chômage, mais également l’article 195 de la Constitution à soumettre à révision, ne sont que « la concrétisation des accords ».

Au début de la législature, l’ancien vice-premier ministre N-VA Jan Jambon avait évoqué l’existence d’un cahier Atoma reprenant la manière d’organiser la révision de la Constitution à la fin de celle-ci. Le Premier ministre Charles Michel avait nié l’existence d’un tel accord secret.

Aujourd’hui, pour la N-VA, il n’y a plus trente-six possibilités. « Un gouvernement ne disposant plus que du soutien d’un tiers des parlementaires ne peut – j’espère – être une option, et la main suédoise est rejetée. Dès lors, soit émerge un gouvernement Michel III avec le soutien de la gauche et du PS, soit on jette l’éponge », a conclu Peter De Roover.

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