Folon en 2001. © Belga

« Je n’ai jamais rencontré un créatif aussi… créatif que Folon »

Guy Gilsoul Journaliste

Stéphanie Angelroth est la directrice de la Fondation Folon, qui fête ses 15 ans. C’est l’artiste lui-même, décédé le 20 octobre 1995, qui l’a nommée à ce poste. Elle n’avait alors que 24 ans.

Le Vif/L’Express :Connaissiez-vous l’oeuvre de Folon avant votre première rencontre avec lui ?

Stéphanie Angelroth : Comme beaucoup, très mal. En automne 2000, la revue Wallonie Bruxelles pour laquelle j’avais été engagée, préparait un dossier sur Folon à l’occasion de l’ouverture de la Fondation. Mon patron, Jean-Noël Bloom, connaissant ma passion pour l’art, me proposa de l’accompagner lors de l’interview. C’était notre première rencontre et le courant passa. Au cours de la conversation, il évoqua la petite équipe qui l’accompagnait dans le projet. Il y avait peut-être une place pour moi. Peu après, je lui envoyais une lettre dans laquelle je proposais ma candidature. J’étais jeune et je crois que je n’ai pas très bien mesuré ce qui m’attendait. Les premiers temps de la Fondation furent gérés à la manière d’une expérience temporaire. Or, il s’agissait de voir le long terme, établir des budgets, un programme, une organisation stable… Il n’y avait pas de réel responsable, rien n’était très clair. Alors, j’ai pris des initiatives et au bout d’un an, Folon m’a désigné comme directrice.

Quelles relations entretenait-il avec sa Fondation ?

Dans les premières années, il venait très souvent. Mais parallèlement, je m’en suis rendue compte plus tard, il m’introduisait dans toutes ses relations. En fait, il préparait l’après-Folon. Par exemple, il m’invitait à le rejoindre lorsqu’il préparait une grande exposition à l’étranger afin que je puisse rencontrer les amis et professionnels qui l’entouraient.

A sa mort, sa seconde épouse, Paola Ghiringelli, gère le patrimoine. Donc aussi, la Fondation ?

Oui, mais sans le dynamisme et la créativité de Folon. Le rythme s’est un peu ralenti. Les projets se firent plus rares, tout allait plus doucement et les rapports étaient parfois difficiles.

Au décès de Paola, en avril 2012, vous apprenez que la Fondation devient légataire universelle…

Un cadeau extraordinaire puisque désormais, tout passera par la Fondation : des droits d’auteurs aux organisations d’expositions à l’étranger. En plus, nous héritons de toutes les nombreuses oeuvres qui se trouvaient à Monaco, où Folon a habité, des archives et des autres documents. La famille – la première épouse, Colette Portal (qui nous a fait des dons) et la soeur comme le fils de Folon – va dans le même sens. La Fondation devient l’épicentre de l’oeuvre entier. Nous avions déjà un millier d’oeuvres. Ce nombre sera sans doute doublé.

Folon vous a-t-il permis d’entrer dans son intimité ?

Chez Folon, il n’existait aucune frontière. Au début, ça me gênait. Un jour, il m’a proposé d’emmener toute ma petite famille avec lui, sa soeur et son fils sur son bateau. Ce fût un souvenir merveilleux. Avec le calme et l’humour qui le caractérisait, il nous racontait ses rencontres, ses musiques préférées, il nous parlait de cinéma, de théâtre et de petites choses du quotidien. Puis, il nous laissait à nous-mêmes et rejoignait son carnet de croquis et ses notes. Je n’ai jamais rencontré un créatif aussi…créatif.

Le samedi 24 octobre, la journée Humour Blanc… Ligne noire clôturera les festivités des 15 ans de la Fondation Folon et célèbrera les 10 ans de la disparition de Jean-Michel Folon.

Par ailleurs, l’exposition Agence de voyages imaginaires à la Fondation Folon est prolongée jusqu’au 29 novembre.

Infos : http://fondationfolon.be/

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