Jan Jambon © BELGA

Jambon: « Si l’imam de la Grande Mosquée peut rester, on retire immédiatement sa carte de séjour »

Stavros Kelepouris
Stavros Kelepouris Journaliste pour Knack.be

Le Secrétaire d’État Theo Francken a retiré la carte de séjour d’Abdelhady Sewif, l’imam de la Grande Mosquée à Bruxelles, mais ce dernier a fait appel contre cette décision. Cependant, le ministre de l’Intérieur Jan Jambon n’a pas l’intention de garder l’homme en Belgique.

« S’il obtient gain de cause, nous allons immédiatement retirer sa carte de séjour, mais en changeant la motivation. Si ce n’est pas le cas, il sera aussitôt écarté. » Jambon s’est exprimé à l’occasion d’un débat de l’association d’étudiants anversoise Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond (KVHV) entre lui et l’expert en jihad Montasser AlDe’emeh.

Le ministre est également revenu sur le fameux rapport de la Sûreté de l’État. En 2016, il avait demandé un screening, d’après Jambon, après avoir entendu des « rumeurs sur la mosquée ». « La Sûreté de l’État avait alors déclaré : nous n’avons pas de raisons de réagir. » Cette année, il a demandé un nouveau rapport, et l’analyse a été adaptée : il s’est avéré qu’il était un adepte du salafisme. »

Plus tôt cette semaine, la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars avait jugé qu’il fallait résilier la concession pour la Grande Mosquée de Bruxelles, financée depuis l’Arabie saoudite par toutes sortes de structures intermédiaires.

Le ministre Jambon comprend l’appel, mais met en garde contre les conséquences. « Le sol a été donné en jouissance. Mais si on met fin à la concession, il faut indemniser les bâtiments qui se sont ajoutés depuis le début de cette jouissance. Cette somme atteint des millions – de l’argent qui va également à ces structures intermédiaires saoudiennes. Je souhaite réétudier cette question. »

Jambon a néanmoins signalé qu’il voyait des signaux positifs depuis la communauté islamique, mais il a également demandé d’entreprendre des démarches supplémentaires. « La très grande majorité des imams sont des personnes bien intentionnées qui nous demandent ce qu’elles peuvent faire pour aider. Ce que je ne comprends pas c’est qu’elles n’aient pas encore organisé de grande assemblée avec toutes les nuances de l’islam dans notre pays, pour se mettre autour de la table. »

Déradicalisation

La lutte contre l’EI a également été évoquée durant le débat. Interrogé sur les programmes de déradicalisation pour les djihadistes de l’EI emprisonnés en Belgique, il a admis que selon lui ils n’offraient pas toujours autant de perspectives. « Non, je n’y crois pas du tout. Quelqu’un qui a été jusqu’à commettre les atrocités que l’on voit en Syrie et en Irak, ne peut plus être déradicalisé. » Du coup, il est instrumental de les suivre de près après leur peine, a expliqué Jambon.

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