Abdelhady Sewif © Franky Verdickt

L’imam de la Grande Mosquée : « Je n’ai aucun lien avec le courant salafiste de l’islam »

Le Vif

« Je n’ai aucun lien avec le courant salafiste de l’islam. Au contraire: je critique toujours les idées radicales ou salafistes, et je lutte contre l’extrémisme et le radicalisme », déclare Abdelhady Sewif, l’imam de la Grande Mosquée de Bruxelles, au cours d’un entretien accordé à nos confrères de Knack.

Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken a indiqué la semaine dernière qu’il avait décidé de retirer la carte de séjour de l’imam de la Grande Mosquée de Bruxelles, après avoir reçu des signaux « très clairs » que cet homme est « très radicalisé, très conservateur et dangereux pour notre société et notre sécurité nationale ».

En mars, Sewif a appris que sa carte de séjour ne serait pas prolongée. Nos confrères de Knack lui ont demandé de consulter le document, mais ne l’ont pas eu sous les yeux. On ignore pourquoi Francken révèle l’affaire seulement maintenant. « Ce document fait état de signaux et de déclarations qui indiquent que je suis peut-être radicalisé », s’indigne Sewif.

Jalousie

« C’est quoi ‘peut-être’ ? Peut-on être encore plus vague ? Je ne sais pas ce qu’il se passe. Tous ceux qui parviennent à quelque chose dans la vie ou possèdent quelque chose que les autres n’ont pas sont confrontés à la jalousie. Je ne connais pas d’ennemis, mais peut-être que certains briguent ma position d’imam de la principale mosquée du pays ? Je ne sais pas. Mais je le répète, je n’ai pas d’ennemis et j’entretiens de bonnes relations avec les musulmans et les non-musulmans. J’ai aussi des amis non musulmans. On m’invite aux activités à l’église Saint-Guidon, et j’y participe avec plaisir », se défend-t-il.

« Ai-je l’air d’un salafiste? Avez-vous déjà entendu qu’un imam lié à l’université al-Azhar du Caire était devenu salafiste? J’ai étudié dans cette université et c’est elle qui m’a envoyé ici. Le vivre-ensemble et la tolérance sont les valeurs d’al-Azhar. Lorsque j’ai été envoyé à la Grande Mosquée il y a 13 ans, c’était pour porter ce message. Et c’est ce que je fais », poursuit l’imam.

Aussi estime-t-il que Theo Francken doit prouver ses dires. « Le Secrétaire d’État affirme que je suis radicalisé. Comment ? Quels signes l’indiquent ? Il déclare qu’il a reçu des « signaux clairs ». De qui ? Il faudrait qu’il étudie bien ses signaux. Si je prétends que vous êtes un voleur de voitures, cela prouve-t-il que vous avez effectivement dérobé une voiture ? Dans un état de droit, il faut prouver ce qu’on avance. Je n’ai aucun lien avec le courant salafiste de l’islam. Au contraire: je critique toujours les idées radicales ou salafistes, et je lutte contre l’extrémisme et le radicalisme. Je suis même critiqué par les salafistes parce que ma barbe n’est pas suffisamment longue et que ma djellaba m’arrive à la cheville. »

Selon des sources proches du dossier, des doutes planent autour d’Abdelhady Sewif, concernant « ses discours sur la condition des femmes », mais également sur ses fréquentations en dehors de la mosquée. Ces éléments inquiétants « ont contribué à la décision » du secrétaire d’État.

L’imam de la Grande Mosquée de Bruxelles a interjeté appel de ce retrait de carte de séjour. Le Conseil d’État se prononcera le 24 octobre.

Belga/CB

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire