Philippe Henry © belga

Inondations : Pour Philippe Henry (Écolo), « notre pays n’était pas prêt à faire face à cette catastrophe »

Le Vif

Le ministre wallon des Infrastructures était entendu ce vendredi devant la commission d’enquête. Il a admis que les autorités n’étaient pas prêtes à faire face à pareil événement, et qu’il convenait de prendre sans tarder les mesures nécessaires pour s’adapter au dérèglement climatique.

« Le changement climatique nous a pris de court! », a reconnu Philippe Henry, qui exerce notamment la tutelle sur les barrages du sud du pays . « Ces inondations sont la confirmation la plus brutale qui soit que les effets désastreux du changement climatique sont déjà là, et pas pour 2050″, a insisté l’écologiste. « Cela pose une série de questions urgentes auxquelles il faut répondre adéquatement. Il va falloir structurer ces efforts et y consacrer les moyens budgétaires nécessaires », a ajouté M. Henry, lequel a déjà commandé une étude pour évaluer les besoins précis en Wallonie à ce sujet.

Devant les députés commissaires, M. Henry a aussi tiré une série de leçons plus opérationnelles de ces inondations qui ont provoqué une quarantaine de décès et de très nombreux sinistrés. Si les règles et procédures en place ont sur le moment « globalement été respectées, cela n’a à l’évidence pas permis de protéger la population », a-t-il reconnu. Il a notamment plaidé pour que les barrages wallons soient à l’avenir soumis à un système d’audit externe, mais aussi pour que les prévisions météorologiques et hydrologiques soient plus précises. La lisibilité des messages d’alerte envoyés par les différents services de surveillance aux acteurs sur le terrain devrait également être améliorée, a préconisé M. Henry. Mais « les alertes ne prédiront jamais le futur car (elles seront toujours) basées sur des probabilités et des incertitudes », a-t-il souligné.

Durant plus de trois heures, le ministre a été soumis au roulement de questions des députés membres de la commission d’enquête. Sans surprise, c’est de l’opposition marxiste et centriste que sont venues les remarques les plus critiques. Pour le PTB, Julien Liradelfo a notamment reproché à M. Henry une série de déclarations publiques imprécises au moment des inondations, notamment sur le taux de remplissage réel du barrage d’Eupen ou sur les quantités de pluie tombées à la mi-juillet. L’élu communiste s’est aussi étonné, comme François Desquesnes (cdH) d’ailleurs, que six mois après la catastrophe, le service d’alerte Perex 4.0 chargé de surveiller les risques de crues ne dispose toujours pas d’une garde de nuit. La mesure est à l’étude, a répondu le ministre Henry, tout en soulignant qu’une série d’engagements de personnel était déjà intervenue au sein du SPW Mobilité et Infrastructures depuis la catastrophe, et que d’autres étaient encore prévues.

A François Desquesnes, qui lui reprochait d’avoir été fort peu « sur le pont du navire au moment de la tempête », le ministre Henry a rappelé que la gestion de crise en tant que telle ne relevait pas du niveau régional, ou d’un ministre. « Il faudrait éviter de rajouter une couche qui compliquerait les choses. Une coordination centralisée n’est pas toujours la plus efficace », a ainsi estimé le ministre. Enfin, le député centriste lui a aussi reproché de s’être exclusivement préoccupé les 15 et 16 juillet du pont-barrage de Monsin, à Liège, et ce aux dépens du barrage d’Eupen et de la vallée de la Vesdre. Rien de plus logique, a répliqué l’écologiste. « L’hypothèse à ce moment-là était la destruction (contrôlée) de l’écluse de Monsin (pour éviter l’inondation complète de Liège) », a-t-il rappelé. « Il était normal que je sois là, cette écluse étant une infrastructure appartenant à la Région wallonne… »

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