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Renforts aériens, outil d’aide à la décision… Six mois après les inondations, les leçons ont-elles été retenues?

Six mois après les inondations meurtrières de la mi-juillet, « nos pratiques ont évolué, des pistes stratégiques sont suivies et des plans d’actions concrets sont prêts », même s’ils évolueront encore en fonction des conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur les inondations, a assuré Etienne Willame, le directeur général du SPW Mobilité et Infrastructure (MI).

« Cet été, nos procédures ont fonctionné, mais juguler la nature est impossible », a-t-il d’emblée répété avant de répondre aux questions des parlementaires. Parmi celles-ci, l’utilisation du système européen d’alertes Efas – largement ignoré lors des inondations malgré l’émission de plusieurs alertes dès le début de la semaine – est revenue sur le tapis.

« Nos collaborateurs n’y ont pas encore été totalement formés », a admis Etienne Willame, interrogé sur le sujet par Marie-Martine Schyns (cdH).

« Efas est un outil d’aide à la décision, à côté des outils que nous maitrisons déjà. Mais quand on est face à des données, se posera toujours la question de ces modèles qui accumulent les imprécisions », a-t-il ajouté en assurant néanmoins « continuer à investir dans Efas et à suivre l’évolution de ses produits prometteurs ».

« Les contacts avec l’IRM se poursuivent également. Mais je ne pense pas que la Wallonie doive avoir des compétences météorologiques. C’est une matière complexe; utilisons l’expérience là où elle existe. Par contre, il serait intéressant de travailler avec le monde universitaire, dans l’optique d’embarquer toutes les expertises dans une dynamique commune », a poursuivi le responsable du SPW MI.

Évacuations, une stratégie à repenser

Son audition avait été précédée par celle, à huis clos, de Christophe Grifgnée, chef du district des barrages de l’Est de l’administration wallonne. Elle a été suivie, dans l’après-midi, par le témoignage de Jean-Marc Demelenne, directeur de la Direction de Coordination et d’Appui Déconcentré de Liège.

Ce dernier est notamment revenu sur les évacuations préventives, puis différées – les personnes qui étaient restées dans leur maison et qu’il a finalement fallu secourir – menées les 14 et 15 juillet. « Il y a toujours une balance à faire entre le risque de rester et celui d’être évacué. Une bonne information de la population est également indispensable; tout comme des moyens de transports adaptés et un bon timing », a expliqué le responsable. Selon une étude de l’université de Delft (Pays-Bas), il faut en effet 60 heures pour évacuer 34.000 personnes.

« Dès le 14 juillet, sans attendre l’arrêté de police, nous avons évacué préventivement les zones les plus exposées d’Eupen, de Baelen et de Limbourg en raison de messages sur la saturation du lac du barrage d’Eupen. Puis, nous nous sommes rendus compte que davantage d’évacuations préventives étaient nécessaires, notamment à Trooz, Chaudfontaine et Liège », a détaillé Jean-Marc Demelenne.

Les opérations s’organisent, compliquées par l’impossibilité de faire appel aux moyens aériens. « Nous avons demandé de l’aide dans toute l’Europe mais la réponse était toujours la même: les conditions de vols étaient impossibles jusqu’au 16 dans la matinée », a-t-il pointé. Finalement, trente personnes et huit animaux seront secourus par les six hélicoptères engagés. Une évacuation médicale sera également décidée.

Renfort des forces de police

Outre ces renforts aériens, les communes sinistrées ont pu compter sur l’appui de la police fédérale et des autres zones de police. Ce sont ainsi 150 policiers par 24 heures qui ont prêté main forte, pendant un mois, à leurs collègues. « Toutes les zones sollicitées ont répondu positivement à nos demandes. Nous avons également bénéficié de renforts spontanés des zones non impactées », a poursuivi le responsable.

« Il y a eu une réelle entraide entre toutes les disciplines concernées, avec une vraie réflexion centrée sur la résolution des problèmes », a-t-il conclu.

La semaine prochaine, le commission d’enquête ouvrira un nouveau chapitre important de son travail avec les auditions annoncées du ministre-président wallon Elio Di Rupo et surtout du ministre régional du Climat et de la Mobilité, Philippe Henry.

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