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Grève de la faim des sans-papiers: après plus de 50 jours, une urgence politique absolue

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Socialistes et écologistes mettent un nouveau coup de pression. Le secrétaire d’Etat Sammy Mahdi lance une « zone neutre » pour les grévistes avec le bourgmestre de Bruxelles. Insuffisant.

La pression politique monte encore d’un cran dans le dossier des sans-papiers. La grève de la faim de quelque 450 d’entre eux à Bruxelles, qui se prolonge depuis plus de cinquante jours, risque plus que jamais de virer au drame. Ce sont désormais les présidents du PS et d’Ecolo qui tirent la sonnette d’alarme.

« Une urgence absolue »

« Nous exhortons le Premier Ministre et le Secrétaire d’État Sammy Mahdi à trouver, en concertation avec les représentants des grévistes, une solution pragmatique, humaine et digne, pour mettre fin à ce calvaire, écrivent en choeur Anne Lambelin et Paul Magnette, vice-présidente et président du PS, Rajae Maouane et Jean-Marc Nollet, coprésidents d’Ecolo, dans une carte blanche diffusée par Le Soir. Le Secrétaire d’État a le pouvoir juridique de le faire en mobilisant les leviers dont il dispose dans le cadre de ses compétences propres, au vu des circonstances exceptionnelles et de la situation sanitaire et médicale dans laquelle les grévistes se trouvent. »

« Aujourd’hui, l’heure est à l’urgence absolue », soulignent les présidents. Qui précisent: « Nous en appelons à un sursaut d’humanité, de solidarité et de courage politique. Certes, l’accord de gouvernement ne prévoit pas une régularisation collective des personnes sans-papiers, mais il ne justifie, en aucun cas, que l’on laisse, sans aucune perspective, des femmes et des hommes en situation de désespoir total et de danger de mort. »

Socialistes et écologistes fixent aussi un cap politique: « Demain, nous, progressistes, devrons retrousser nos manches pour déployer des solutions structurelles, telles que l’établissement de critères clairs de régularisation, la création d’une commission indépendante, et plus généralement, d’une politique d’asile et de migration portée par le souci du respect des droits fondamentaux. »

PS et Ecolo avaient déjà remis le sujet à l’agenda politique en début de semaine, après un silence radio d’une dizaine de jours pour permettre d’ouvrer en coulisses à une solution. En vain.

Une « zone neutre »

Le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Sammy Mahdi (CD&V), a précisé à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il maintenait le contact pour trouver une issue, en exhortant aussi les autres partis à « ne pas faire de fausses promesses ».

Ce jeudi, en fin de matinée, Sammy Mahdi présente avec le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close (PS), une « zone neutre pour les grévistes de la faim ». « Les personnes peuvent s’y rendre pour obtenir des informations sur les procédures de séjour et l’état d’avancement de leur éventuelle procédure individuelle, précise déjà son cabinet. Sans information, les services ne peuvent pas examiner les dossiers individuels’.

Proposé il y a quelques semaines, cette zone neutre sera opérationnelles dès à présent. « Pour l’heure, précise Le Soir, l’initiative est unanimement rejetée par les grévistes qui attendent davantage qu’un guichet de renseignements. En l’occurrence, ils revendiquent d’obtenir un certain nombre de garanties dans la prise en charge des dossiers qui mèneraient de facto à une régularisation de tous les grévistes. »

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