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Frank Vandenbroucke, contourné et agacé par le Comité de concertation

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Pour la première fois, le ministre fédéral de la Santé s’est retrouvé dépassé par les envies de liberté des autres partis de la Vivaldi. Il en ressort légèrement amer.

Pendant quelques instants, mardi en fin de journée, certains ont fait courir la rumeur que Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre fédéral de la Santé, pourrait démissionner. Absent de la conférence de presse, un fait inédit, le socialiste sortait d’un Comité de concertation qui, pour la première fois, n’a pas tourné en sa faveur. « J’avais la commission de la santé publique dans mon agenda », s’est-il justifiée en soirée sur RTL-TVI. Il n’empêche, une conférence de presse sans lui marquait une rupture.

Comme si la sortie de crise sanitaire qui se profile enfin lui enlevait une partie de ce pouvoir important qu’il détient depuis son arrivée.

Un plan trop ambitieux pour lui

Le plan de déconfinement pour cet été, en quatre étapes, décidé mardi par le Comité de concertation, après de longues discussions, va plus loin que ce que Frank Vandenbroucke attendait. D’ailleurs, les experts, dont le virologue Marc Van Ranst, avaient invité à la prudence avant la réunion. Mais la pression était trop forte et l’envie de liberté des autres partenaires de la vivaldi trop importante.

Le gouvernement flamand, sous la houlette du ministre-président Jan Jamnon (N-VA), avait concocté un plan pour sauver une partie du secteur culturel de la débâcle – les francophones l’ont rebaptisé plan « Tomorrowland », du nom de ce gigantesque festival de musique électro. Entre les deux hommes, le ton estfortement monté en cours de réunion.

De leurs côté, les partis francophones plaidaient pour la reprise totale de l’horeca, l’élargissement de la bulle social en intérieur et la reprise de la culture. Ecolo et le MR en tête, mais cette fois, le PS n’était pas en reste, avec un vice-Premier, Pierre-Yves Dermagne, particulièrement actif sur le plan de la communication.

Bref, pour la premère fois, Frank Vandenbroucke était isolé

« En ce qui me concerne »

L’annonce faite par le Premier ministre, sur le coup de 16h, a entériné une forme de défaite en rase campagne pour le ministre fédéral de la Santé. Qui peut certes avoir le sens du devoir accompli: la baisse des chiffres, c’est sans doute à son intransigeance qu’on la doit ne partie. Mais qui ne pouvait pas cacher son inquiétude.

« Cette ambition entraine également son lot de risques« , souligne-t-il le soir-même lors du JT de RTL-TVI. Il reconnaît l’avoir exprimé lors du Comité de concertation, rapport des experts à l’appui. « Il n’y a pas de seuils déterminés au niveau des hospitalisations en Belgique, regrette-t-il. Même si je suis optimiste, il faut tenir compte de ce facteur et être capable d’assurer une trajectoire qui va dans la bonne direction. » Et de souligner que, « en ce qui me concerne », il sera attentif aux balises chiffrées pour les tapes à venir.

Agacé par la N-VA, Frank Vandenbroucke laisse aussi filer son amertume face au plan Tomorowland en lâchant: « Ceux qui peuvent se permettre d’aller au Pukkelpop ou à Tomorrowland peuvent bien payer un test PCR ».

La sortie de crise promet encore quelques bras de fer au sein de la Vivaldi et entre niveaux de pouvoir

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