Porte de Namur à Bruxelles © Belga

Files devant les chaînes discount : « Certaines personnes n’ont pas d’alternative »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Lundi, les commerces ont rouvert leurs portes après presque deux mois de fermeture. Dès huit heures du matin, des queues se sont formées devant certaines enseignes, Primark et Action notamment. Immédiatement, les clients « coupables » de se précipiter dans les magasins se sont pris une volée de critiques sur les réseaux sociaux.

Les deux enseignes prises d’assaut proposent des produits à bas prix. Action est une chaîne de magasins hard-discount néerlandaise qui vend des articles de décoration, d’hygiène, de bricolage pour les enfants, etc. L’enseigne irlandaise Primark vend, elle, des vêtements très bon marché.

Interrogées par la VRT, des organisations qui luttent contre la pauvreté ne sont guère étonnées par cet afflux de clients. « Les gens qui ont un budget limité n’ont pas le choix », disent-elles. « Les deux chaînes proposent des produits à des prix très bas », déclare l’ASBL de lutte contre la pauvreté De Zuidpoort. « C’est pourquoi elles sont très populaires auprès des personnes vivant dans la pauvreté. En plus d’être bon marché, elles sont généralement faciles d’accès par les transports en commun. Et vous pouvez y payer en liquide ». Elle souligne que les clients qui faisaient la queue lundi le faisaient de manière disciplinée en respectant la distanciation sociale.

Pas d’achats en ligne

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes déclarent ne pas comprendre pourquoi ces clients n’achètent pas en ligne (même si Action ne propose pas de vente en ligne). Sur son site, l‘ASBL De Zuidpoort rappelle que tout le monde ne peut pas acheter en ligne. Pour acheter sur internet, il faut en effet suffisamment d’argent pour acheter un produit souvent plus cher que dans un magasin physique et posséder une tablette ou un ordinateur (selon l’ASBL 14% des Belges n’en possèdent pas), une connexion internet une carte bancaire, une adresse fixe et une sonnette qui fonctionne. Dans beaucoup d’immeubles, les parlophones sont défectueux et comme l’explique un responsable de l’association à la VRT, le facteur ne vient pas frapper au onzième étage pour livrer un colis. De nombreuses personnes ne réunissent pas toutes ces conditions.

Netwerk tegen armoede, le réseau flamand de lutte contre la pauvreté, partage cet avis. « N’oublions pas que cette période a également été très difficile pour les personnes vivant dans la pauvreté. Leurs indemnités sont de toute façon trop faibles pour qu’elles puissent en vivre, et maintenant ils doivent aussi faire face à des dépenses plus élevées ».

Suite à la crise du coronavirus, les factures énergétiques sont plus élevées parce qu’on est beaucoup plus à la maison qu’en temps normal, beaucoup de réductions ont été supprimées et l’accès aux banques alimentaires est plus difficile. Aussi appelle-t-il le gouvernement à proposer une compensation aux personnes qui vivent d’une indemnité.

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