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Faut-il « protéger l’Europe » des flux migratoires afghans?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le président français Emmanuel Macron a annoncé une initiative qui fait controverse, le débat est vif en Belgique et l’Europe doit prendre position. Le sujet divise. Sera-t-il possible d’essayer la nuance?

C’est assez rare que pour être signalé. Après son allocution solennelle consacrée à l’Afghanistan, lundi soir, le président français Emmanuel Macron a dû préciser son message tant il était sujet à controverse sur les réseaux sociaux. Ses propos ont d’ailleurs lancé un débat au niveau français et belge sur les probables conséquences de la situation afghane sur la migration en Europe.

« Nous protéger des flux irréguliers »

Le locataire de l’Elysée a notamment annoncé qu’il prendrait une initiative pour « anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants » provoqué par la déstabilisation de l’Afghanistan. « Ce que j’ai dit ce soir sur l’Afghanistan et que certains veulent détourner: la France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés », a-t-il posté ensuite.

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A gauche du spectre politique français, certains n’ont pas hésité à qualifier le président d' »Emmanuel Le Pen » en relayant le journaliste et lanceur d’alerte Edward Snowden. « Pas de grand mystère, clame Cyril Dion, essayiste, coauteur du documentaire Demain et coordinateur de la Convention citoyenne pour le climat. Élection présidentielle dans 9 mois, Emmanuel Macron drague les électeurs d’extrême droite comme Sarkozy et Chirac avant lui. Sans la moindre dignité. La grande classe. »

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« Comme beaucoup, je suis abasourdi par cette déclaration qui me semble absolument indigne au regard des circonstances, s’indigne le professeur François Gemenne, spécialiste du changement climatique et des migrations. Qui appuie: « Franchir une frontière pour demander l’asile est un droit fondamental. Et je souhaite personnellement qu’un maximum d’Afghanes et d’Afghans puissent fuir pour être en sécurité. Oui, il y aura sans doute de nombreux demandeurs d’asile en provenance d’Afghanistan. Vu ce qui s’y passe, c’est souhaitable. Essayer d’empêcher ces flux migratoires serait criminel : ce sont les Talibans qui risquent d’essayer de les empêcher. »

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« Les imbéciles qui prétendent qu’on peut ouvrir grand les frontières aux réfugiés afghans sans aucun contrôle sont des criminels, s’indigne en retour l’Observatoire des fondamentalismes. La ruse des islamistes (ce que sont aussi les talibans) c’est de profiter de leur stupide naïveté en se cachant parmi les réfugiés. » Qui ironise (et dérape au yeux de nombreux commentaires) en s’en prenant personnellement à François Gemenne. C’est dire combien le débat est sensible.

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« Emmanuel Macron anticipe parfaitement »

« Emmanuel Macron anticipe parfaitement les enjeux à venir, souligne Georges-Louis Bouchez, président du MR. Chacun doit faire sa part dans la nécessaire protection de ceux qui doivent l’être mais cela ne doit pas générer une pression migratoire irrégulière qui déstabilisera inévitablement nos démocraties. »

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La N-VA avait déjà mis, avant cela, l’accent sur la nécessité pour le gouvernement De Croo d’agir et de réaliser une « analyse de la menace ». A sa demande, notamment, les commissions parlementaires concernées sur réuniront de façon anticipée pour évoquer la situation générée par la crise afghane.

« Si l’Europe, comme l’a souligné hier le président français, Emmanuel Macron, ne peut assumer seule les conséquences de la situation actuelle, elle ne peut pas non plus fermer ses yeux et ses frontières face aux éventuels demandeurs d’asile qui, demain, pourraient se presser à ses portes pour trouver un refuge face au totalitarisme, souligne pour sa part François De Smet, président de DeFI.

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François De Smet prolonge: « Il est urgent de mettre en place une structure européenne afin de traiter à distance, depuis les pays voisins de l’Afghanistan, les demandes d’asile et de les répartir entre les pays de l’Union européenne en fonction de règles claires. La récente décision de création d’une Agence européenne pour l’asile est un premier pas, mais n’est pas suffisante. La situation afghane rappelle avec force qu’avoir une politique européenne de répartition obligatoire des réfugiés entre les Etats membres, sans laisser l’essentiel des efforts sur les Etats situés en première ligne, est essentiel. Organiser cette répartition à distance, sans attendre que ces malheureux risquent leur vie et se fassent exploiter par les trafiquants d’êtres humains, est un devoir d’humanité. »

Dans ce débat, sera-t-il possible d’essayer la nuance?

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