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Extension du Covid safe ticket: Test-Achats met en garde Vandenbroucke

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’association de protection des consommateurs écrit au ministre fédéral de la Santé avant le prochain Comité de concertation, celui de vendredi ayant été reporté.

L’extension du pass sanitaire décidée en France par le président Emmanuel Macron ne devrait pas être imitée en Belgique. La Conférence interministérielle de la santé a opté pour une autre stratégie, mercredi.

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Test-Achats, l’association de protection des consommateurs, a toutefois écrit ce jeudi au ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit). Le Comité de concertation de vendedi a toutefois été reporté en raison des inondations qui frappent le pays.

« Nous vous adressons la présente suite aux déclarations du Président français Emmanuel Macron, annonçant l’extension du pass sanitaire aux lieux de loisirs et de cultures accueillant plus de 50 personnes, à l’image de ce qui se fait déjà au Danemark, écrivent ses porte-parole Julie Frère et Jean-Philippe Ducart. En Belgique, vous avez – jusqu’à présent – opté pour un Covid Safe Ticket dont l’entrée en vigueur est prévue le 13 août prochain pour les grands évènements rassemblant plus de 5000 personnes. Nous avons néanmoins lu vos déclarations à la Chambre favorables à l’utilisation de ce CST pour de plus petits évènements. Nous savons que ce sujet sera discuté ce vendredi dans le cadre du prochain Comité de concertation. »

« Par la présente, nous nous permettons de vous demander d’être extrêmement vigilant avant de décider d’étendre ou non le champ d’application de ce CST vu le caractère attentatoire de cet outil aux droits fondamentaux des citoyen.ne.s,prolongent les porte-parole de Test-Achats. Dans notre courrier du 5 mai dernier, nous insistions sur l’importance de d’abord démontrer de manière détaillée la nécessité et le caractère proportionnel de la mise en place d’un tel système, qui conditionne la liberté d’aller et venir à une preuve de son état de santé, par rapport à la situation actuelle. La situation sanitaire le justifie-t-elle aujourd’hui ? Sur base de quels critères ? A partir de quand jugera-t-on qu’un tel système n’est plus nécessaire ? Qui sera responsable du contrôle de ces critères ? Dans l’analyse coût-bénéfices qu’il y a impérativement lieu de réaliser avant de prendre une quelconque décision, il faudra prendre en compte divers éléments tels que la campagne de vaccination en cours qui diminue le risque de contaminations et de cas graves nécessitant hospitalisation, les mesures sanitaires qui peuvent être adoptées par les différents secteurs, le nombre de décès qui pourrait être évité grâce à la mise en place de ce système, l’atteinte portée à la liberté fondamentale de se déplacer librement, etc

« .Si, sur base d’une analyse approfondie de ces éléments, vous deviez opter pour la mise en place d’un tel système, nous vous demandons d’être attentifs aux éléments suivants :

– Les tests PCR devraient être gratuits pour les personnes n’ayant pas eu l’occasion de se faire vacciner ou qui ne peuvent pas se faire vacciner. Ces personnes seront déjà discriminées par rapport aux personnes vaccinées étant donné qu’elles devront s’organiser/planifier leurs sorties et se déplacer dans un centre de testing contrairement aux personnes vaccinées qui ne devront pas faire face à ces obstacles « administratifs ». Il ne serait pas acceptable qu’elles soient en outre pénalisées en devant payer ces tests. Ceci serait d’autant plus vrai dans le cas de figure où ce pass devrait être utilisé au quotidien, pour aller au restaurant, cinéma ou théâtre. Dans ce dernier cas de figure nous doutons par ailleurs de la capacité des centres de testing de suivre la demande. Dans ce cas, l’on se retrouverait dans une situation où, de facto, seules les personnes vaccinées pourraient sortir, ce qui est évidemment inacceptable.

La durée de mise en place de ce système devrait être strictement encadrée dès le départ et systématiquement réévaluée en fonction de l’évolution des critères ayant présidés à la décision de mise en place de ce système.

Les jeunes devraient faire l’objet d’une attention toute particulière. Ce sont en effet les premiers concernés par les sorties désormais conditionnées au pass, alors que plusieurs d’entre eux n’ont pas encore eu l’occasion de se faire vacciner et que, selon le Conseil Supérieur de la Santé, plus on descend dans les tranches d’âge, plus le bénéfice individuel de la vaccination est faible (le CSS ne recommande d’ailleurs pas la vaccination systématique des 12-15 ans) ;

La durée de conservation des données ainsi collectées et les finalités de cette collecte doivent également être strictement encadrées dans un texte de loi, après consultation de l’Autorité de Protection des Données.Nous insistons vivement sur l’importance d’avoir une stratégie claire, fondée sur des éléments scientifiques et juridiques solides, respectant les droits fondamentaux de chacun.e et de la communiquer de manière transparente. »

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