© Belga

Et la Flandre dans tout ça? Pas de Vlaams Belang en quarantaine (chronique)

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Ils ont la mine resplendissante, affichent un moral de vainqueur, à l’heure de reprendre le chemin du boulot parlementaire.

La tête encore pleine de ces images de la concentration automobile dominicale sur l’esplanade du Heysel à Bruxelles. Ces 4.500 à 5.000 véhicules qui ont carburé au jaune et noir, tous ces drapeaux déployés aux couleurs de la Flandre, cette communion dans l’appel du Vlaams Belang à entrer en résistance au « gouvernement non démocratique » sur le point de prendre les rênes du pays. On y a forcément pris quelques libertés avec les gestes barrières de rigueur. Et alors ? L’extrême droite flamingante respire la forme, comment le coronavirus pourrait-il avoir prise sur ses élus ?

La présence dans un lieu confiné d’élus la veille encore joyeusement mêlés à des militants serait tout sauf raisonnable.

Lundi 28 septembre, lendemain de fête, jour de rentrée du parlement flamand. Ambiance plus tristounette, sous le signe du virus qui fait d’emblée une victime : Liesbeth Homans (N-VA), présidente, a fait savoir en matinée qu’elle déclare forfait, le temps de se soumettre à un test de dépistage annoncé négatif dans la soirée même. L’éclipse a pour effet d’offrir le perchoir au premier vice- président de l’assemblée. Voilà Filip Dewinter investi du rôle présidentiel ad interim et le Vlaams Belang en maître de cérémonie pour la séance inaugurale du parlement. Tout un symbole.

Objection ! L’opposition socialiste s’émeut. La présence dans un lieu confiné d’élus la veille encore joyeusement mêlés à des militants serait tout sauf raisonnable. « Par respect pour le personnel soignant », leur place est ailleurs que dans la salle et la mesure d’éloignement doit aussi valoir pour le maître de séance. Buiten Vlaams Belang ! Groen fait chorus, jugeant qu’il y a eu prise de risque inconsidérée, le PVDA (PTB) n’est pas en reste. Une mise en quarantaine s’impose, il y va de la possible contamination de la représentation parlementaire flamande par l’extrême droite. Encore tout un symbole.

Au Vlaams Belang, on le prend avec morgue. Où çà, les symptômes d’un malaise ? La santé de la démocratie ne pourrait tolérer que le deuxième parti de Flandre cède un pouce de terrain dans la Maison du peuple flamand. « Je ne suis pas surpris que la gauche plaide pour un cordon sanitaire au sens littéral du terme », relève le chef de groupe, Kris Janssens. Sans doute le Vlaams Belang avait-il lui-même appelé les parlementaires qui avaient manifesté à Bruxelles en juin dernier sous la bannière du Black Lives Matter à se mettre en retrait pour motifs sanitaires. Mais il ne faudrait pas confondre une participation à une manif interdite qui avait viré à émeutes, à pillages et à violence sur les forces de l’ordre et la présence à un rassemblement tout en discipline où le masque buccal était de sortie et non la cagoule, cet attribut de l’extrême gauche.

Dans la majorité, on a subi sans broncher la passe d’armes entre factions de l’opposition. Sur les bancs N-VA, on est resté sans opinion. Que « chacun prenne ses responsabilités » ont courageusement suggéré CD&V et Open VLD en invitant à passer à l’ordre du jour : la lecture par le ministre-président Jan Jambon (N-VA) de la feuille de route d’un gouvernement flamand à la recherche d’un second souffle, crise sanitaire oblige. En présence d’un Vlaams Belang tout ouïe et réglementairement masqué.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire