Pierre Havaux

Et la Flandre dans tout ça? Chasse aux profs pantouflards (chronique)

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Gare aux enseignants flamands qui ne se montrent pas à la hauteur du défi qui les attend. Le ministre flamand de l’enseignement, Ben Weyts (N-VA) veux ramener l’enseignement flamand au top.

Comme il compte beaucoup sur eux, il les veut compétents, dévoués et ardents à la tâche, solides, engagés, motivés. A fortiori en ces temps si incertains où la scolarité de la jeunesse flamande souffre grandement. Ben Weyts (N-VA) réclame des enseignants qu’ils se montrent à la hauteur du défi qui les attend. C’est dit: l’école flamande n’a que faire de profs pantouflards, le ministre de l’Enseignement entend pouvoir dégager plus rapidement enseignants et directeurs d’établissement qui évolueraient un peu trop en zone de confort.

« Ceux qui usent du système de la nomination définitive comme bouclier protecteur d’une mauvaise volonté ou d’une incompétence devront partir », a fait savoir Ben-la-menace dans la presse nordiste. C’est l’annonce d’un passage à l’acte qui se situe dans le droit fil des mâles résolutions par lesquelles il ponctuait sa note de politique scolaire pour la rentrée 2020. « Je veux ramener l’enseignement flamand au top, inverser la tendance à la baisse des prestations scolaires enregistrée dans les enquêtes flamande et internationales. La crise du coronavirus met cette exigence encore plus en évidence. »

Lire aussi: Et la Flandre dans tout ça? Un portrait ravageur du « New York Times » (chronique)

Si la culture est à promouvoir, c’est bien celle de l’évaluation. A dater du 1er septembre 2021, une nouvelle méthode aidera à assainir plus facilement l’appareil scolaire flamand en allégeant une procédure de licenciement qui relève aujourd’hui du parcours du combattant. Pour qu’un enseignant nommé définitivement puisse se voir indiquer la porte de sortie, il faut que son casier soit chargé: subir deux évaluations négatives consécutives ou trois évaluations négatives au cours d’une carrière, ou bien être l’objet d’une procédure disciplinaire, à moins de se rendre coupable d’une absence non justifiée supérieure à dix jours calendrier. Jusqu’à quatre ans de cheminement: c’est trop long, se désole Ben Weyts. Il y va, selon lui, de l’image du métier gâtée par la présence de « pommes pourries ». 141 membres du personnel enseignant remerciés au cours des cinq dernières années scolaires, la jauge scrutée à la mi-août 2020 indique un niveau de purge bien faiblard au regard d’un corps enseignant de 115.000 personnes. C’est trop peu, s’irrite Ben Weyts. Il serait temps de faire aussi du chiffre de ce côté-là.

Ben Weyts entend pouvoir du0026#xE9;gager plus rapidement enseignants et directeurs d’u0026#xE9;tablissement qui u0026#xE9;volueraient un peu trop en zone de confort.

Bronca syndicale en vue? Pas sûr. A condition de renforcer la guidance de l’enseignant débutant, le banc syndical serait prêt à fermer les yeux. D’autant que Ben Weyts sait joindre au bâton la carotte: il s’engage à ce que dès l’année prochaine, la procédure de nomination des profs soit accélérée là où il faut aujourd’hui deux ans d’ancienneté minimum pour décrocher le Graal.

C’est que le ministre n’est pas qu’habité par l’obsession de dégraisser. Il veut aussi dissuader les bons éléments de déserter. Quatre enseignants sur dix quittent l’école dans les cinq ans qui suivent leurs premiers pas: c’est trop, déplore Ben Weyts. Qui a besoin d’ une dream team pour réaliser l’exploit: « Je veux une vraie remontada. Le concept est jusqu’ici surtout utilisé en football, il le sera aussi sous peu dans l’enseignement flamand. » Des Messi, des Ronaldo, des Hazard à la manoeuvre au tableau noir.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire