Enfant de djihadistes: « Rapatrier est devenu quasi impossible »

En raison de l’offensive lancée dans le nord de la Syrie par l’armée turque, il est devenu quasiment impossible de rapatrier les mères belges et leurs enfants qui s’y trouvent, regrette le professeur de la VUB Gerrit Loots. En juin passé, ce psychologue spécialiste des enfants avait conduit une mission humanitaire là où règne désormais le chaos.

Les femmes de combattants djihadistes et leurs enfants peuvent-ils tenter par eux-mêmes de rejoindre la Belgique? Ils vont certainement essayer de le faire, pense Gerrit Loots.

« Rapatrier est devenu quasiment impossible dans ce chaos. La seule solution que je vois, ce serait que les Kurdes emmènent les gens hors des camps, là où il n’y a pas de combats et où la Belgique et les autres pays européens pourraient les rapatrier au plus vite. C’est encore possible. Sinon, il faudrait mener des opérations militaires dans une zone de guerre et cela ne me semble pas envisageable », explique le professeur qui se trouvait sur place en juin dernier, accompagné notamment du délégué général aux Droits de l’enfant en Fédération Wallonie-Bruxelles Bernard De Vos.

De nombreuses voix déplorent depuis des mois le manque de volonté de la Belgique pour rapatrier les enfants belges coincés en Syrie. Ce lundi, le bourgmestre de Vilvorde, Hans Bonte (sp.a), a appelé à une intervention du conseil national de sécurité et au retour des enfants des combattants, dont beaucoup sont partis de Vilvorde.

« Les camps ont été ouverts et tout le monde a été invité à partir. Il ne s’agit même pas de fuir. Beaucoup de femmes et d’enfants errent en Syrie. Nous recevons en ce moment énormément de cris d’appel, car ils ne savent pas où aller », rapporte Gerrit Loots. Certains espèrent que, s’ils restent, ils tomberont aux mains des Turcs et pourront ensuite rentrer en Belgique. « Mais cette position n’est plus défendable, notamment parce que l’Etat islamique tente de se regrouper et d’éloigner les gens des camps », analyse-t-il.

Le spécialiste des enfants en situation vulnérable reconnait que le retour des femmes de combattants pourrait représenter un risque pour la Belgique, mais son expérience de terrain le pousse à croire surtout le contraire. « Il y a des femmes qui, depuis deux ans, voient leurs enfants dépérir voire mourir. Les pays européens ont laissé leurs enfants mourir en ne les rapatriant pas. Ce sont ces femmes qui rentrent maintenant, et on pourrait avoir affaire à des personnes animées de vengeance et de rancoeur. Il y a donc certainement un risque. Mais, d’un autre côté, il y a les femmes que nous avons rencontrées lors de notre dernier voyage. Elles veulent rentrer pour trouver du soutien et de la sécurité, parce qu’elles sont totalement épuisées. Ce ne sont pas des femmes dont il faut avoir peur. Elles veulent en général rentrer, purger leur peine et revenir à une vie normale. Elles se rendent compte que l’Etat islamique était une erreur », observe M. Loots.

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