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En route vers la super-présidence Bouchez au MR

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’homme a beau irriter comme rarement ses opposants, jusque dans les majorités où se trouvent les libéraux, il n’héritera pas moins ce we week-end d’un costume élargi pour diriger son parti. En espérant un positionnement décomplexé pour gagner en 2024?

Il y a un paradoxe Georges-Louis Bouchez.

Le président du MR irrite ses opposants. Ils dénoncent ses accents décomplexés ou conservateurs dans certains domaines (économie, sécurité, climat), critiquent ses modes de communication ou épinglent son égocentrisme sur les réseaux sociaux, en soulignant que chaque post – quel que soit le sujet – met sa personnalité en avant.

Le numéro un libéral pousse à bouts ses partenaires de majorité. Le coprésident d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, et le président du PS, Paul Magnette, ont demandé à plus d’une reprise qu’il cesse son jeu d’opposition au sein même des coalitions, critiquant sans cesse des décisions, réclamant des évolutions, poussant pour des accents de droite. La Vivaldi a connu une crise après qu’il ait publiquement dénoncé l’attitude du Premier ministre dans l’affaire Haouache, suscitant une réaction outrée du PS.

Il y a certes de la posture, tant dans le chef du libéral que de ses partenaires de gauche.

Le MR se trouve, au coeur d’une coalition de sept partis au sein de laquelle il pèse bien moins lourd (c’est un euphémisme) que dans la Suédoise. Voilà les libéraux francophones avec des ministres qui peinent à exister, éclipsés par leur président, étouffé dans une collégialité plus à gauche. Georges-Louis Bouchez ne cesse de le répater: ce n’est pas parce que l’on fait partie d’une coalition que l’on doit ressembler aux autres partis. Pas faux, reste à voir jusqu’où aller.

Ce n’est pas tout. Et c’est lié. Le numéro un libéral a été jusqu’à provoquer une (mini-) fronde au sein de son parti où certains lui reprochent son hyper-communication, à l’instar du ministre wallon Jean-Luc Crucke. Après sa gestion compliquée du casting gouvernemental, avec un énorme couac Ducarme/ De Bue au gouvernement wallon, on avait été jusqu’à le cornquer d’un G11 pour l’encadrer.

Des pouvoirs renforcés

Or, voilà qu’un congrès statutaire du MR, ce samedi 18 septembre à Namur, devrait consacrer une modification fondamentale renforçant sa position et lui donnant, sauf erreur, les coudées franches en vue des élections de 2024, un rendez-vous d’une importance capitale pour le pays.

S’il s’agit de « démocratiser » ou de « féminiser » les organes, en donnant notamment un droit d’initiative aux membres, mais, dans le même temps, le président recevra de nouvelles compétences en matière de sanctions.

Surtout, le président sera, à l’avenir, élu pour cinq ans, afin que son mandat corresponde à la législature fédérale. Cela vaut pour son successeur, mais le procès-verbal adopté en bureau de parti actait aussi… que ce pourrait être le cas pour Georges-Louis Bouchez lui-même.

De facto, Bouchez pourrait être amené à porter la prochaine campagne électorale du parti, ce qui n’est pas illogique vu qu’il porte le parti aujourd’hui, mais aussi à gérer les négociations gouvernementales suivantes – qui promettent d’être longues, au vu des enjeux et de la fracture Nord-Sud qui pourrait découler du scrutin.

Enfin, comme si cela ne suffisait pas, les nouveaux statuts prévoient l’incompatibilité entre la fonction de vice-président et un rôle de ministre, président d’assemblée ou chef de groupe. Cela signifie que les actuels vice-présidents ne le seront plus dès lundi. Ce sont Vincent Dewolf le Bruxellois, un fidèle de toujours, et… Jean-Luc Crucke. Ce dernier ironise au Soir: « Ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier. »

Il n’empêche: voilà un coup de maître de la part du président. qui risque encore longtemps d’irriter ses opposants, ses partenaires et certains au sein du MR.

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