César Botero González

Elio Di Rupo me fait peur

César Botero González Militant du PS - Licencié en sciences politiques et science des religions

Le pouvoir, exercé pendant de longues années, finit par troubler la perception des faits, obnubiler la capacité de discernement, perdre la maîtrise des émotions et affecter le bon raisonnement.

C’est bien ce qui est en train de se passer avec le président du PS, mon parti : il s’enivre de sa parole, s’affole de ses délires de persécution et ne sait plus ce qu’il dit. Cela explique ses propos dans Paris Match du 29 août 2017.

« Il faut que les gens qui s’acharnent et qui veulent ma tête à tout prix se rendent compte qu’ils me mettent physiquement en danger. Cela fait 25 ans que j’habite ici, et pour la première fois, ma maison a été taguée. Quelqu’un est venu inscrire ‘salaud’ sur ma façade. Il est devenu tellement accepté de m’attaquer, que certains en viennent à se dire « Di Rupo, il faut qu’on le liquide ».

Il a récidivé le 3 septembre à RTL-TVI dans « Ce n’est pas tous les jours dimanche ».

L’accusation est claire, précise et grave venant d’un ex-Premier ministre, député fédéral, bourgmestre de Mons, président du PS, etc. Ceux qui critiquent Elio Di Rupo :

  • S’acharnent et veulent sa tête à tout prix.
  • Le mettent physiquement en danger.
  • Veulent le liquider.

Ceux qui s’acharnent et veulent sa tête à tout prix sont les médias « Je fais vendre les médias, alors ils ont l’obsession de s’acharner sur moi « . Il veut ignorer que les médias de toute tendance s’acharnent sur les politiques de toutes les couleurs et joue à Calimero.

C’est bien connu, les politiques qui ne supportent pas la critique n’aiment pas les médias et les médias les adorent, mais ils ne se demandent jamais pourquoi ils font vendre.

Pourquoi ai-je peur ? Parce qu’étant simple militant de base, j’ai écrit cette année, dans levif.be, cinq cartes blanches très critiques sur Elio Di Rupo et les Grands Propriétaires de mon parti. Je me pose plusieurs questions :

  • Le droit de critiquer les politiques équivaut à s’acharner et à vouloir leurs têtes à n’importe quel prix ? Où se situe la frontière entre la critique et l’acharnement ? Est-il interdit de demander la démission d’un président de parti ?
  • Que peut-il arriver aux médias qui « ont l’obsession de s’acharner » sur EDR comme il le prétend ?
  • Si par malheur quelqu’un essaye demain de le liquider (j’emploie ses propres termes), que peut-il m’arriver ? Pourrais-je être accusé, avec d’autres, d’incitation à la haine ? Mes articles seront-ils retenus comme pièces à conviction dans un procès pour incitation au meurtre ?
  • Pourquoi EDR s’insurge contre les critiques dont il est l’objet dès lors que lui-même et d’autres dirigeants du PS n’hésitent pas à déverser sur Benoit Lutgen un camion de critiques virulents (critiques que je partage) ? Est-ce parce que les critiques contre Lutgen sont fondées et celles contre lui et sa cour ne le sont pas ?

Ces déclarations sont un chantage et une menace pour ceux qui osent le critiquer et en particulier contre les militants du PS. Un militant socialiste (GNED), à l’argumentation besogneuse, m’accuse d’avoir « l’obsession monomaniaque d’un coupeur de têtes » et de vouloir mettre la tête du président sur une pique. Il ajoute que des gens comme moi sont « à la base des pires excès ».Un dirigeant important du parti, avec 40 ans de politique sur le dos, m’accuse d’avoir « l’agressivité et la vengeance des frustrés », d’être partisan de la « politique de la terre brulée » et « un militant borné un brin paranoïaque ». Rien que ça !

Et tout ça pour avoir osé exercer un droit garanti par la constitution et la Déclaration universelle des droits de l’Homme : le droit de critiquer, entre autres, les politiques, suite aux scandales à répétition.

Quelles sont mes critiques à l’adresse d’Elio Di Rupo ? Elles sont connues et partagées par de nombreux militants et électeurs de gauche, mais certains parmi eux me reprochent de les rendre publiques au lieu de les faire à l’intérieur du parti. Ils font semblant d’ignorer que la démocratie interne au PS (comme dans les autres partis) est inexistante, tout au moins pour les plus nombreux, les militants de base dont je fais partie.

Moi aussi je peux craindre pour mon intégrité physique si un fanatique d’Elio IV (et il y en a, je les ai rencontrés et subi leur colère) vient à se dire : « Botero González, il faut qu’on le liquide », d’autant plus que je ne bénéficie pas de la même protection que la « victime » de mes critiques.

Voilà donc le chantage et les menaces qui pèsent sur les têtes de ceux qui critiquent l’Empereur du Boulevard comme certains l’appellent.

Son entretien dans Paris Match regorge d’autres perles que voici :

Perle 1.« Pour moi, ce n’est pas un hasard si le PS est sous attaque, fondamentalement, la société des commentateurs est de droite ».

Mais c’est normal, la droite critiquera toujours la gauche et celle-ci la droite. En revanche, des militants et des citoyens socialistes qui critiquent les dirigeants du PS devraient l’inciter à la réflexion.

Perle 2. « Quand j’ai la chance de pouvoir parler avec mes critiques, je leur dis toujours : ‘il y a eu les affaires, ok. Des décisions ont été prises, des gens ont été forcés de démissionner, aucun autre parti n’a fait ça. Alors que me reprochez-vous, au fond ?’. Et là, souvent, ils bottent en touche ».

Et voilà. Il est persuadé qu’il n’y a rien à lui reprocher. Nous verrons ça plus loin. Je voudrais avoir la chance de pouvoir lui parler et lui rappeler mes critiques pour voir si je botte en touche. Malheureusement cela semble un impossible rêve.

Perle 3. « Mais ceux qui veulent me voir partir vont être déçus. Je n’ai pas bougé au pire moment de ma vie, quand on a monté des manipulations contre moi en 1996. Tout le monde disait que j’étais fini, mais j’ai résisté, et j’ai été blanchi. Le soulèvement n’a évidemment pas la même ampleur aujourd’hui, mais ma réaction reste la même. Je resterai jusqu’à la fin de mon mandat, et entre temps, ils peuvent dire ce qu’ils veulent ».

Il met en parallèle les accusations infondées de pédophilie dont il fut l’objet en 1996 et les critiques sur sa conduite du parti. Un dirigeant important nous a fait le même parallèle lors d’une réunion de militants du Brabant wallon. Stratégie concertée ? Je l’ignore, mais le procédé est pitoyable.

Et puis, l’enjeu n’est pas de savoir s’il est capable de résister aux critiques et si nous serons déçus de le voir s’accrocher au pouvoir, mais de savoir s’il est bon pour le parti qu’il s’entête à le diriger.

Perle 4. « Que voulez-vous que je fasse ? Je n’étais pas au courant de l’affaire Publifin, je l’ai apprise dans la presse, et j’ai exigé que les montants soient remboursés ».

Bien que son excuse soit souvent démontée, il la remet sans cesse en circulation. Je ne veux pas rappeler les arguments qu’on lui a opposés. C’est du temps perdu. Disons seulement que s’il était au courant de ce qui se passait et n’a rien fait, c’est grave. S’il n’était au courant de rien, c’est aussi grave. Un président qui apprend dans la presse ce qui se passe dans son parti est pour le moins étonnant d’autant plus que les médias tiraient la sonnette d’alarme depuis au moins 2013. Un président qui n’a rien vu, rien entendu et rien dit est inapte à diriger son parti.

Perle 5. « Je ne vais quand même pas guillotiner ceux qui ont fauté, même si certains aimeraient bien, et tant qu’à faire, me guillotiner aussi avec ».

Non monsieur Di Rupo. « Ce que je désire, est-ce que le méchant meure? dit le Seigneur, l’Éternel. N’est-ce pas qu’il change de conduite et qu’il vive ? » Ézéchiel 18:23

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