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« Droit au silence », les seuls mots à la bouche de Mehdi Nemmouche lors de ses auditions

Le Vif

« DAS ». L’acronyme utilisé par Mehdi Nemmouche pour opposer aux enquêteurs français son droit au silence a résonné à d’innombrables reprises vendredi dans la salle de la cour d’assises de Bruxelles, où ont été projetées les six premières auditions de l’accusé de la tuerie au Musée juif de Bruxelles.

Dès la première audition dans les locaux de la DGSI à Marseille, dans la nuit son arrestation en possession des armes de la tuerie, Mehdi Nemmouche a refusé de répondre aux questions des enquêteurs, acceptant seulement de décliner son identité. S’il se montrera plus prolixe lors de son transfert vers Paris, évoquant certains de ses centres d’intérêt comme les sports de combat, la géopolitique et la chanson française, l’accusé se murera à nouveau dans le silence lors de son deuxième interrogatoire.

La répétition de la phrase « j’exerce mon droit au silence » sera régulièrement accompagnée de grands éclats de rire. Mehdi Nemmouche consentira néanmoins à déclarer qu’il s’expliquera sur les armes « le moment venu ». Le lendemain, la troisième audition sera marquée par l’acronyme « DAS », pour « droit au silence », que Mehdi Nemmouche emploie désormais pour ponctuer chaque question, parfois sans en attendre la fin. Une trouvaille dont il semble très fier et qui pourrait lui valoir de se retrouver sur Wikipedia, s’amuse-t-il. Ce jour-là, il accuse les médias de ne dire « que des conneries » et ne s’offusque pas d’être lié à la tuerie dans la presse.

Lors de la quatrième audition, le même jour, le suspect sera confronté aux vidéos de revendication de l’attaque. Il y opposera, comme à chaque autre question, son systématique « DAS ». Malgré son apparente aversion pour les médias, à la fin de l’entretien, il demandera par le biais de son avocat à obtenir des coupures de presse le concernant. Les éclats de rire de l’accusé cadrent très mal avec sa ligne de défense, ont souligné le ministère public et les parties civiles.

Mehdi Nemmouche fait preuve d’une « grande maîtrise » et est très détendu alors qu’il est accusé – à tort selon lui – de quatre assassinats terroristes, a fait remarquer l’avocat général Yves Moreau. Lorsqu’on est innocent, on se justifie et on apporte des preuves pour démonter les charges à son encontre, « on ne répond pas ‘DAS' », a fustigé l’avocat du Musée juif, Me Masset. La défense de Mehdi Nemmouche, de son côté, considère que les rires de l’accusé étaient suscités par l’attitude des enquêteurs. Dans le box, ce dernier est le plus souvent resté tête baissée ce vendredi, et s’est beaucoup gratté le front. Il s’est également entretenu plus que d’habitude avec son conseil Me Courtoy.

Les deux dernières auditions ont été projetées durant l’après-midi, entrecoupées par le témoignage d’un couple qui habitait en face du lieu des faits. Ceux-ci ont décrit un homme sortant calmement du Musée juif, portant deux sacs. Ils avaient à l’époque évalué son âge à 45 ans et décrit un homme blanc, des détails que n’a pas manqué de soulever l’avocat de Mehdi Nemmouche. Lors de ses cinquième et sixième auditions, l’accusé avait montré un intérêt certain pour les images de la tuerie et les articles de presse le concernant, bien qu’il qualifie les médias de « fiotte » qui racontent « par définition 90% de conneries ». Pour expliquer le silence de son client, Me Courtoy a notamment invoqué le fait qu’il avait peur, principalement pour sa grand-mère qui est « la seule personne qu’il lui reste ». « Il avait deux possibilités, soit se taire, soit dire que ce n’est pas lui. Mais s’il dit que ce n’est pas lui, on va lui demander qui c’est », a également dit le pénaliste.

Pour Me Masset, il ne s’agit là que d' »écrans de fumée ». « Il répond par trois lettres: ‘DAS’. Pourquoi n’en invoque-t-il pas trois autres: ADN? En disant: relevez les traces ADN au Musée, ce n’est pas moi! « , s’est interrogé l’avocat du Musée. « Un droit au silence peut être relié à une culpabilité », a-t-il martelé.

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