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Coronavirus : « on peut s’attendre à voir les premiers effets des fermetures d’ici une semaine »

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le pays est à l’arrêt pour trois semaines. Comme on l’attendait, des mesures fortes ont été prises pour freiner l’épidémie de coronavirus. Trois semaines seront-elles suffisantes, ou les mesures risquent-elles d’être prolongées ? Nous avons posé la question à Marius Gilbert, épidémiologiste à l’ULB.

Notre pays est en phase de préconfinement pour trois semaines. Pourra-t-on recommencer à vivre normalement dès le 3 avril ?

Pour l’instant, c’est impossible à dire. Aucune décision ne pourra être prise tant que la courbe de contamination n’a pas commencé à s’infléchir. Aujourd’hui, on ne dispose pas de point de comparaison en matière d’épidémie pour pouvoir évaluer précisément l’impact que les mesures mises en place vont avoir. On peut simplement se baser sur ce qui s’est passé il y a quelques semaines dans les pays asiatiques. En Corée du Sud par exemple, ils ont pu endiguer la propagation du virus en deux semaines grâce à des mesures similaires à celles prises en Belgique. C’est déjà un indicateur encourageant.

Est-ce que l’on risque de prolonger la situation de préconfinement ?

Au plus tôt, on peut s’attendre à voir les premiers effets des fermetures d’ici une semaine, sachant que les écoles ne fermeront que lundi. Le nombre de nouveaux cas risque de se stabiliser, voire de diminuer progressivement. D’ici-là, ils vont donc continuer à augmenter et c’est normal. On peut espérer avoir dépassé le pic de l’épidémie d’ici deux semaines. On sait qu’il faut au minimum deux semaines pour que des effets significatifs se fassent ressentir et pour pouvoir les mesurer.

Ce qui est certain, c’est que d’ici le 3 avril, nous aurons une vue assez claire des effets des mesures prises aujourd’hui sur la propagation du virus dans notre pays. À ce stade-là, le gouvernement sera donc en mesure de prendre de nouvelles décisions. Soit de prolonger les mesures, soit de relâcher la pression. L’objectif du gouvernement est également de pouvoir faire fonctionner l’économie le plus normalement possible, et ce, dès que possible.

Doit-on craindre des cas de recontamination lorsque les personnes vont recommencer à vivre normalement ?

C’est inévitable, il y aura toujours des cas de recontamination. Avec une maladie avec un temps d’incubation si long (environ 5 jours), on passe toujours à côté de certains cas. L’objectif est avant tout d’éviter un pic trop important et de saturer les services de santé. Mais n’oublions pas que de nombreux pays européens sont en train ou ont pris des mesures importantes. Cela va avoir des effets positifs importants sur la propagation du virus.

En Italie, le nombre de cas ne diminue cependant toujours pas. Pourquoi ?

L’Italie est un peu un cas différent. Ils ont un temps de retard sur leur épidémie qu’ils n’ont pas vue arriver. Aujourd’hui, ils sont au maximum des mesures qu’ils peuvent prendre. Du coup, les effets devraient commencer à être visibles d’ici une semaine ou deux.

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