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Coronavirus en Belgique : un taux de décès par habitant parmi les plus élevés d’Europe

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Si l’épidémie de coronavirus semble toucher davantage les autres pays européens, la Belgique fait partie des plus touchés si on compare le nombre de décès au nombre d’habitants. Explications et focus sur l’exception allemande.

L’Europe, épicentre de la pandémie de coronavirus depuis plus d’un mois, est touchée de plein fouet. Parmi les pays les plus touchés, on retrouve bien évidemment l’Italie et l’Espagne, qui comptent le plus grand nombre de décès. Notre pays semble pour l’instant tirer son épingle du jeu. Les autorités belges, saluées par certains, critiquées par d’autres, auraient ainsi confiné la population au moment opportun. Mais que disent les chiffres ?

La Belgique, pas si épargnée qu’il n’y parait

En termes de chiffres bruts, la Belgique est l’un des pays les plus touchés par la pandémie de coronavirus dans le monde : 10e du nombre de cas testés positivement, 9e si l’on compte le nombre de morts, selon le relevé de l’Université Johns Hopkins.

Le bilan de notre petit pays est d’autant plus préoccupant si on le compare au nombre d’habitants. Selon nos calculs, le nombre de décès par pays au 1er avril 2020 :

  • Italie : 205,5 décès pour 1 million d’habitants.
  • Espagne : 194 décès pour 1 million d’habitants.
  • Belgique : 72,5 décès pour 1 million d’habitants.
  • Pays-Bas : 60, décès pour 1 million d’habitants.
  • France : 52,5 décès pour 1 million d’habitants.
  • Royaume-Uni : 35 décès pour 1 million d’habitants.
  • Allemagne : 9,5 décès pour 1 million d’habitants.

Pourquoi une telle différence entre certains pays ?

Tout d’abord, les chiffres des décès sont-ils exacts ? Dans certains pays, seuls les décès enregistrés à l’hôpital sont comptabilisés. Dans d’autres pays, ceux issus des maisons de retraites, par exemple, sont pris en compte. Il est également difficile de jauger, hors de ces structures, le décès de personnes lié ou non à une infection du coronavirus.

Cela dépend également de plusieurs facteurs : les comorbidités (hypertension, maladie cardiaque, diabète…) et l’âge moyen de la population. En Italie, par exemple, le nombre de 65+ est plus élevé que la moyenne européenne. Mais cela ne peut être la seule explication : l’Allemagne, qui compte un nombre de morts du coronavirus par habitant assez faible, compte également un nombre élevé de 65+ par rapport à la moyenne européenne.

De plus, certains pays comptabilisent le nombre de décès, annoncés quotidiennement, avec quelques jours de retard. Ce mardi, par exemple, le SPF Santé publique et Sciensano ont confirmé 192 nouveaux décès : il s’agissait d’une part de 98 décès comptabilisés sur les 24 heures écoulées, d’autre part de 94 décès intervenus entre le 11 et le 26 mars.

Certains pays sont également dans un stade déjà très avancé de l’épidémie, comme l’Italie.

Tous chiffres confondus, il ne s’agit en aucun cas d’un taux de létalité car toutes les personnes potentiellement infectées ne sont pas testées et confirmées par les autorités. Le nombre de cas est donc largement sous-estimé.

Comment expliquer l’exception allemande ?

Meilleur équipement médical. Avec 25.000 lits de soins intensifs avec assistance respiratoire, l’Allemagne est particulièrement bien équipée comparée à ses voisins européens. Les patients malades peuvent rapidement être suivis et le pays ne redoute pas, dans l’immédiat, que ses hôpitaux soient saturés. Cette explication ne semble en revanche pas suffisamment significative pour expliquer la différence du nombre de décès dans les premières semaines, mais ce point pourrait peser dans les mois à venir si la crise venait à s’aggraver.

Des tests précoces. Ce critère, associé à l’important maillage territorial de laboratoires indépendants en Allemagne qui dès janvier ont commencé à tester les gens, aurait permis de mieux diagnostiquer la maladie et d’écarter en quarantaine les cas les plus à risque. Se faire tester en Allemagne reste compliqué, mais parait plus simple que dans d’autres pays: l’apparition de symptômes couplée au contact avec un cas confirmé ou une personne revenant d’une zone à risque suffit.

>> Coronavirus: la Belgique réalise-t-elle suffisamment de tests? (infographie)

Une population jeune touchée. « En Allemagne, plus de 70 % des personnes qui ont été identifiées comme infectées jusqu’à présent ont entre 20 et 50 ans », a expliqué le président de l’IRK. La maladie s’y est d’abord principalement propagée dans une population relativement jeune et en bonne santé, moins consciente des risques du coronavirus. Cela reste cependant le signe que l’épidémie n’en est encore qu’à ses débuts.

Absence de tests post-mortem. Une autre explication est l’absence de tests post-mortem. Concrètement, cela veut dire que lorsqu’une personne décède en quarantaine à domicile et non pas à l’hôpital, il y a de fortes chances que son cas n’entre pas dans les statistiques. (avec AFP)

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