Yves Coppieters © Belga

Coronavirus en Belgique : « Les chiffres vont augmenter proportionnellement aux pays voisins »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Pour Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB, un rebond de l’épidémie en Belgique est inévitable. « La Belgique a toujours soit suivi soit précédé ce qui se passait dans les pays voisins », déclare-t-il tout en soulignant qu’il n’est pas nécessaire de paniquer pour autant.

L’épidémie de coronavirus repart en effet un peu partout en Europe : ces deux dernières semaines, l’Espagne a dénombré 7000 à 8000 cas par jour, et même si la mortalité reste très inférieure à celle observée durant le printemps, les hospitalisations y augmentent, met en garde Yves Coppieters. La France comptabilise près de 10 000 cas pour les dernières 24 heures, et le taux de positivité y augmente également (5,4%). L’épidémie reprend aussi en l’Allemagne, où le taux de positivité atteint les 8%, et aux Pays-Bas les chiffres repartent également à la hausse.

« La Belgique a toujours soit suivi soit précédé ce qui se passait dans les pays voisins, mais ce n’est pas pour autant qu’on aura une seconde vague, c’est simplement que nos chiffres vont un petit peu augmenter, proportionnellement à ce qui se passe dans nos pays voisins. Je ne peux pas m’imaginer que nous restions à un taux de positivité de 3%, même si c’est tant mieux si on le fait », nous explique le professeur.

« Nous sommes prêts »

Il souligne toutefois qu’il n’est nul besoin de paniquer pour autant. « C’est une histoire de 10-15 jours. Nous sommes prêts au niveau du dépistage, les hôpitaux sont prêts, mais il faut toujours aller voir ce qui se passe à côté pour anticiper ce qui se passe chez nous. C’est ce que nous n’avons pas fait dans le cadre de la première vague, mais qu’on pourrait faire maintenant », déclare-t-il à la RTBF.

Il prévoit également que les hospitalisations repartent à la hausse. « Il faut continuer à essayer de stabiliser les transmissions. Il ne faut pas qu’elles deviennent exponentielles, parce qu’à moment donné, elles vont malheureusement toucher d’autres générations, nos aînés, où elles risquent d’entraîner des complications, donc il fait rester vigilant tout en évitant de s’alarmer. »

Sans surprise, la rentrée scolaire et la réouverture des écoles favorisent ce rebond. Pour garder la tête hors de l’eau et éviter la panique dans les écoles, il est important de pouvoir distinguer le Covid-19 et d’autres virus respiratoires. Aujourd’hui, par mesure de prudence, de nombreux enfants atteints d’une affection bénigne sont en effet exclus de l’école, et mis en quarantaine.

À cet égard, l’épidémiologiste souligne la nécessité de développer des tests rapides de diagnostic et même des tests rapides sérologiques. « En attendant les tests rapides de diagnostic, les médecins généralistes pourraient déjà utiliser les tests sérologiques, ceux qui vérifient les anticorps, parce que quelqu’un qui est positif aux anticorps du Covid 19 ne doit pas être écarté. La capacité de test rapide au niveau de la première ligne qui permettrait de faire des tris et de limiter les mises en quarantaine », estime Coppieters.

Une communication très claire envers les parents

Il souligne la nécessité d’une communication très claire envers la population qui préciserait quels symptômes nécessitent une consultation afin de faire un tri entre les élèves potentiellement infectés et les autres. « C’est un travail que les pédiatres devraient faire rapidement. Ils devraient donner une espèce de cahier de charge très facile et compréhensible aux parents pour savoir ce qu’il faut faire à quel moment ».

La rentrée scolaire est également l’occasion de revenir sur le port du masque, obligatoire dans les écoles secondaires. « Le masque protège, mais il faut garder l’adhésion des jeunes pendant de longues semaines. S’il est primordial lorsque l’élève circule dans l’école, et les notamment les couloirs, il faudrait peut-être remettre en question le port du masque lorsque l’élève est assis à sa place. » De nombreux élèves ont en effet du mal à garder leur masque plusieurs heures d’affilée.

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