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Affaire Sanda Dia: les membres du cercle étudiant Reuzegom renvoyés devant le tribunal correctionnel

Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

La décision a été rendue jeudi en fin de journée par la chambre du conseil de Hasselt : les 18 membres du cercle étudiant Reuzegom sont renvoyés vers le tribunal correctionnel suite au décès de Sanda Dia après une épreuve de baptême. La défense peut encore faire appel.

La chambre du conseil a décidé de renvoyer le dossier devant le tribunal correctionnel pour les huit chefs d’inculpation : « cela comprend l’homicide involontaire, l’administration de substances nuisibles ayant entraîné la mort, l’administration de substances nuisibles ayant entraîné une incapacité de travail, traitement dégradant, négligence coupable et encore des violations de la loi sur le bien-être animal réparties sur trois chefs d’inculpation », a précisé à la presse Dorien Vanderheiden, la magistrate de presse du parquet du Limbourg.

A la sortie du tribunal, Sven Mary, l’avocat du père de Sanda Dia a expliqué qu’Ousmane Dia est partagé par des sentiments contradictoires depuis la décision de la chambre du conseil : « D’une part, il est soulagé car les choses avancent et que nous faisons un pas de plus vers le procès. Et d’autre part, il a secrètement espéré que le tribunal ne voit aucune objection sur certains membres du groupe ».

D’après Het Laatse nieuws, le mois dernier encore, plusieurs avocats des « Reuzegommers » ont tenté de discréditer l’enquête judiciaire qu’ils jugent incomplète. Pour eux, les droits de la défense ont été violés. Au cours de l’enquête qui a duré plus de deux ans (ndlr : la mort de Sanda Dia remonte au 7 décembre 2018), il ne serait pas apparu suffisamment clairement qui est réellement accusé de quoi.

Ce n’est pas seulement ceux qui ont versé l’huile de poisson dans la bouche [de Sanda Dia] qui sont responsables. C’est chacun d’entre eux.

Sven Mary, avocat de pu0026#xE8;re de Sanda Dia.

Des accusations que balaie le pouvoir judiciaire qui a justifié sa décision dans un rapport de quinze pages. Parmi les conclusions les plus importantes du rapport, il est expliqué que « les dix-huit membres étaient présents – même si pour certains ce n’était que pour un court moment. Ils ont tous participé d’une manière ou d’une autre : de l’achat à l’administration de la bouillie en passant par l’application de la pression psychologique. Tout le monde était au courant des détails du baptême. Tout le monde savait aussi que Sanda Dia n’allait pas bien ».

« Ce document est excellemment motivé », répond Mary. « Les avocats du cercle Reuzegom ont déposé des centaines de pages avec toutes sortes de griefs, qui ont toutes été rejetées par les chambres. Il est important que les chambres disent qu’ils (ndlr : les 18 membres présents lors du baptême) ont tous été impliqués d’une manière ou d’une autre. Ce ne sont pas seulement ceux qui ont versé l’huile de poisson dans la bouche [de Sanda Dia] qui sont responsables. C’est chacun d’entre eux. »

Jusqu’à dix ans de prison ou plus

Suite aux chefs d’inculpation, les suspects risquent jusqu’à dix ans de prison. Cependant, comme l’explique Sven Mary: « le tribunal correctionnel peut éventuellement décider de charges plus graves lors du procès ou requalifier les faits« . Si aujourd’hui, on parle d’un « traitement dégradant » de la victime, le tribunal correctionnel peut juger coupables de « traitement inhumain » les membres du cercle estudiantin. « Il s’agit d’un crime plus grave avec une peine plus importante », affirme Sven Mary.

Les défendeurs ont quinze jours pour faire appel de la décision du tribunal. Ce qui risque de se produire. Cela n’exclut pas la possibilité que le procès se déroule cette année.

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