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Affaire Haouach: Ecolo malmené, Nollet charge lourdement Bouchez

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le coprésident écologiste accuse son homologue du MR « d’avoir poussé certains journalistes à écrire des choses qu’il savait fausses » au sujet de ses liens avec les Frères musulmans. Le président du MR parle d’une « diversion » et demande à Ecolo de « revenir à la raison ». Ambiance.

Ecolo traverse une période de turbulence avec la nomination, puis la démission, d’Ihsane Haouach en tant que commissaire du gouvernement à l’Institut pour l’égalité hommes-femmes. Plus largement, la défense par les Verts de la « diversité inclusive » a ouvert un front politique face aux partisans de la neutralité intégrale dans les services publics. Si l’on élargit encore le débat, son modèle « universaliste » va à l’encontre d’une époque où le repli sur soi domine, comme en témoigne aussi la question des sans-papiers.

Au sein de la majorité fédérale, les tensions sont régulières avec les libéraux. Ecolo est pourtant, avec le MR, à la source du « projet positif pour la Belgique » de la Vivaldi. Mais les deux partis sont électoralement en concurrence et certains enjeux de fond sont clivants, comme en témoigne ces dossiers ou le nucléaire, notamment. Sur la forme, le coprésident Jean-Marc Nollet a déjà exprimé son courroux à plus d’une reprise au sujet de l’hypercommunication de son homologue libéral, Georges-Louis Bouchez.

Ce mardi matin, Ecolo a jugé qu’il était temps de repartir à l’offensive après cette séquence difficile. Jean-Marc-Nollet était sur Bel RTL, le vice-Premier Georges Gilkinet sur la RTBF. Objectif: expliquer et démonter les attaques, singulièrement libérales.

Nollet contre-attaque

Une erreur, cette nomination? « Non, puisque quand Sarah Schlitz nomme Ihsane Haouach, elle regarde son CV et voit qu’elle a toutes les compétences requises. » Son foulard, une provocation? « Ce qui compte en tant que commissaire du gouvernement, c’est d’être impartiale, compétente et intègre: elle l’est. »

Son interview au Soir, où elle évoquait une dimension relative de la séparation de l’Eglise ou de l’Etat, « était une erreur, mais elle l’a corrigée ». « Je vais être très clair: il n’y a pas de place chez Ecolo pour ceux qui remettent cela en question ».

Le coprésident d’Ecolo contre-attaque. « Permettez-moi de vous dire que ce qui s’est passé ici est scandaleux« , dit Jean-Marc Nollet. Pour Ihsane Haouach qui a été « démolie » sur les réseaux sociaux. Pour les partisans de la liberté et pour d’autres dossiers comme les sans-papiers.

« Je suis scandalisé et, pour le citer, par Georges-Louis Bouchez, d’avoir poussé certains journalistes à écrire des choses qu’il savait fausses. » Contrairement à ce qui a été écrit, elle n’est pas membre des Frères musulmans, elle n’a pas tenu des propos extrêmes et elle n’est pas un risque.

Une accusation énorme, non? « Je suis en train de dire que le rôle joué par Georges-Louis Bouchez est grave, interpellant. Il a voulu laisser croire. Vous croyez que quand un président de parti agit comme ça, cela restera sans réponse? »

La cohabitation entre MR et Ecolo ne sera-t-elle pas impossible, désormais? « Non: nous distinguons les propos d’un président de parti de ce que les ministres MR font dans les gouvernement où nous sommes. »

Le MR parle de « diversion »

Georges-Louis Bouchez a répondu directement: Quel respect pour la liberté de la presse. Selon le coprésident d’Ecolo, les journalistes sont des personnes qui écrivent ce qu’on leur demande. Belle diversion. Scandalisé par la complaisance face aux atteintes à la neutralité de l’Etat. Écolo doit revenir à la raison.« 

Plusieurs libéraux, dans l’entourage présidentiel, se disent d’ailleurs déconcertés par la sortie écologiste: « La ficelle est quand même un peu grosse: l’actualité de ces derniers jours est un problème écolo, souligne Mathieu Bihet. Rien de plus. Rien de moins. Rien d’autre. »

En retour, dans les coulisses d’Ecolo, on exprime un sentiment d’unité au sein du parti, dans l’adversité. « Nous ne sommes pas dans la tourmente », précise-t-on. En ajoutant que le parti ne lâcherait désormais plus le morceau face au président libéral: cela promet encore des tensions régulières au sein de la coalition fédérale.

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