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À quoi ressemblera la police du futur

Le coup d’envoi des états généraux de la police (Segpol), exercice de réflexion destiné à dessiner les contours de la police du futur, a été donné mardi après-midi. Des intervenants-clés du secteur ont posé les bases de la discussion, citant abondamment comme enjeux l’attractivité de la police, son financement et les enjeux des nouvelles technologies ainsi que la nécessité d’avoir une police « moderne » qui répond aux besoins de la société.

La dernière réforme d’ampleur de la police date de 20 ans et depuis, la société et le travail policier ont bien évolué. Il est désormais temps de prendre le temps d’analyser le fonctionnement des forces de police et d’identifier les points à modifier ou rectifier. Avec la pandémie de Covid-19, « nous nous sommes rendu compte que le monde peut radicalement changer en peu de temps », a souligné Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur. « La Belgique n’est plus la même qu’il y a 20 ans et la police ne peut pas rester à la traîne. »

La ministre de l’Intérieur veut notamment s’attaquer au financement de la police fédérale et locale, réfléchir à la taille optimale de la police locale et au fonctionnement de la police intégrée. Le travail de la police doit changer alors qu’il est confronté aux évolutions de la société, notamment avec de nouvelles formes de protestation, lancées sur les réseaux sociaux sans leader clairement identifié, a-t-elle relevé. « La Boum doit aussi nous faire réfléchir aux relations entre les jeunes et la police, au niveau de la confiance », a-t-elle ajouté, faisant référence aux événements organisés dans le Bois de la Cambre pour protester contre les mesures sanitaires. La numérisation de la société, la sécurité routière ou encore le besoin de diversité au sein de la police sont d’autres enjeux sur lesquels il convient de se pencher, a poursuivi la ministre.

À quoi ressemblera la police du futur
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De là à y voir le citoyen, ses revendications, ses aspirations, piétiné par le pouvoir en place...
De là à y voir le citoyen, ses revendications, ses aspirations, piétiné par le pouvoir en place…© Belga Images

L’objectif du Segpol est de recueillir « le plus d’idées, d’initiatives, de leçons possibles et puis de les traduire en recommandations », a souligné Annelies Verlinden.

Si la structure et l’image de la police ont changé, sa mission essentielle reste la même, a relevé Marc De Mesmaeker, commissaire général de la police fédérale, soit « contribuer à la sécurité de la société ». Pour ce faire, la police doit être « agile », a-t-il pointé, afin de « maintenir son attractivité dans une société où le rapport au travail a changé, avec une attention accrue au bien-être personnel et un équilibre entre les vies professionnelle et privée ». Elle doit aussi mieux refléter la diversité de la société et faire en sorte que « son rôle soit en adéquation avec les attentes et besoins de la société », en débattant « ouvertement de l’intégrité, de la diversité et des actions coercitives » de la police avec des ONG, des syndicats, etc. M. De Mesmaeker a aussi évoqué une criminalité de plus en plus spécialisée, ce qui nécessite une force de police spécialisée, elle aussi.

Une crise de confiance avec les citoyens a été citée par plusieurs intervenants comme un problème à résoudre. Le chef de corps de la zone de police du Midi, Jurgen De Landsheer, a notamment insisté sur le besoin de se réformer pour renouer cette confiance avec la population.

« La question centrale est comment répondre aux défis sociétaux de 2030? »

Pour Nicholas Paelinck, président de la Commission permanente de la police locale, « nous devons nous réinventer ». L’organisation policière se doit d’être ambitieuse et oser expérimenter, a-t-il plaidé. S’il a mis en garde contre le danger de changer trop, de manière de trop rapide, il a appelé à ne pas se reposer sur ses lauriers et à trouver un « équilibre entre les nouvelles technologies et le travail de la police ». Il a aussi insisté sur l’importance d’obtenir les ressources financières nécessaires pour mener cette réforme à bien. À ce sujet, la ministre de l’Intérieur a annoncé la constitution « à court terme » d’une commission pluridisciplinaire consacrée au financement des zones de police.

Concrètement, la réflexion avancera en parallèle du côté francophone et néerlandophone. Les discussions ont été lancées en mars au nord du pays tandis qu’elles seront entamées en septembre par les francophones. Des deux côtés, le fonctionnement sera similaire, avec des discussions organisées par tables-rondes thématiques. Parmi les sujets abordés, on retrouve la diversité et les discriminations, la force et la violence, les espaces nouveaux et recomposés de l’action policière ou encore les enjeux de la modernisation technique, qui induit également le développement de nouvelles compétences policières. « La question centrale est comment répondre aux défis sociétaux de 2030? », a résumé Jean-Louis Dalle, président du Circle of Police Leadership, le cercle des dirigeants de la police belge.

Les états généraux devraient aboutir à la fin de l’année 2022-début 2023. Un événement intermédiaire sera organisé en 2022 pour faire le point sur les avancées et voir si certaines recommandations peuvent déjà être mises en oeuvre. « Le meilleur reste à venir », a conclu la ministre de l’Intérieur.

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