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10.000 morts du coronavirus en Belgique: et si on n’avait rien fait?

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

La Belgique est sur le point de passer le cap symbolique des 10.000 morts du coronavirus. Un chiffre impressionnant que l’on aurait pas imaginé au début de l’épidémie. Et pourtant, il fait grincer certaines dents qui trouvent les mesures trop drastiques. Mais si l’on n’avait rien fait contre le coronavirus, que se serait-il passé?

« Si l’on avait laissé le virus suivre son cours, on aurait aujourd’hui 53.000 morts dans notre pays », affirmait hier dans le Niewsblad Steven Van Gucht, virologue et porte-parole interfédéral Sciensano.

Ce chiffre provient d’un calcul effectué par un institut anglais. Selon ces experts, le coronavirus a un taux de mortalité de 0,66%. Selon Steven Van Gucht, si nous avions laissé libre cours au virus, 70% des Belges auraient été infectés. Cela aurait signifié 53.000 morts dans notre pays. Sans compter les dommages collatéraux liés à l’engorgement des hôpitaux et à l’effondrement potentiel du système de soins de santé.

C’est également l’avis du statisticien Nicolas Vandewalle (Ulg). Selon ses calculs, si l’on n’avait rien fait, on déplorerait aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de morts. « 20 à 30.000 au moins », nous rappelle-t-il. « Sachant qu’on aurait saturé les services de soins intensifs. Ce qui était au coeur du problème, puisqu’on a constaté une forte augmentation de la mortalité dans les régions où ça a été le cas, comme certaines régions en France et en Italie au plus fort de la crise en mars et avril ».

Rappelons que nous avons atteint en moyenne 75 à 80% de notre capacité dans les services de soins intensifs, alors que ceux-ci avaient été élargis. « On est passés juste sous le seuil critique grâce à des mesures drastiques, commente Nicolas Vandewalle. Si l’on n’avait pas confiné la population, il est clair qu’on aurait atteint ce seuil critique ».

Certains critiques estiment pourtant aujourd’hui que les mesures ont été et sont encore aujourd’hui trop drastiques.

« C’est la malédiction de la prévention, explique Steven Van Gucht. Celui qui empêche un problème est toujours très critiqué parce qu’il n’y a pas de problème, n’est-ce pas? C’est un réflexe très humain », dit-il.

Nicolas Vandewalle le rejoint sur cette question. « Le problème c’est qu’on a limité la casse, alors évidemment les experts sont très critiqués. Mais si les experts n’avaient rien dit, on aurait pu que constater les dégâts. C’est un problème sans fin », déplore-t-il.

Les deux experts sont également d’accord pour dire que même si la deuxième vague semble aujourd’hui sous contrôle, il faut rester vigilant. « On ne s’attend pas à ce que le virus disparaisse dans les mois qui viennent et ce n’est certainement pas le moment de remettre en question l’avis des experts », conclut Nicolas Vandewalle.

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